Secrétaire générale de la Francophonie et ancienne gouverneure générale du Canada. Née en Haïti, elle a grandi à Montréal. Vit maintenant à Paris.

Votre premier ou votre plus beau souvenir de Montréal ?

Je suis arrivée à Montréal par l'exil, comme réfugiée politique fuyant une situation glauque de censure et de répression. Pour moi, Montréal, c'était le futur. Quand on est arrivé à l'aéroport et qu'une porte s'est ouverte toute seule, on pensait que c'était une porte magique. On a eu peur et on a reculé. Mais quand on a passé cette porte, nous avons ressenti une grande liberté. Il faisait froid, ma mère nous avait trop habillé ma soeur et moi, mais un immense poids s'est levé de nos épaules. Cet été-là, on est revenu à Montréal pour l'Expo 67. Il y avait le métro, le train suspendu, l'architecture futuriste. 

Que représente Montréal pour vous ?

Montréal, pour moi, c'est la solidarité. J'ai vécu beaucoup de moments difficiles à Montréal. Après la séparation de mes parents, ma mère travaillait à la manufacture et on vivait avec très peu. Dans nos déboires, on trouvait toujours des mains solidaires. Il y avait toujours des voisins, des organisations et des services prêts à nous venir en aide. Montréal a toujours eu un tissu social solidaire. 

Quelle est la plus grande qualité et le plus grand défaut de Montréal ?

Il y a un véritable esprit de vivre-ensemble à Montréal, dans la diversité. Ce n'est pas communautariste. Oui, chaque communauté a ses lieux de prédilection, mais on se rencontre aussi. Il y a un brassage extraordinaire, qui est joyeux. Je sais aussi où le bât blesse. Il y a des situations de grande détresse et de précarité à Montréal. Parce que nous sommes noirs, nous avons eu de la difficulté à nous trouver des appartements à une époque. Mais quand on vit ça, on n'est jamais seul. Montréal, c'est une ville de solutions.

Que souhaitez-vous à Montréal pour son 375e anniversaire ? 

Montréal a récemment connu des moments difficiles. Une mini-dépression. Ça m'attriste. Je souhaite à Montréal de retrouver cette lumière qui lui est propre, son côté phare.

- propos recueillis par Laura-Julie Perreault