Vice-présidente principale, marketing et communications, Hugo Boss Amériques. Elle a quitté Montréal en 1996 après avoir décroché un diplôme de l'Université McGill pour poursuivre ses études à Paris. Après un bref saut à Montréal où elle a travaillé pour L'Oréal, elle part vivre à New York, où elle habite depuis.

Votre premier ou votre plus beau souvenir de Montréal ?

C'est difficile d'en choisir un seul, car il y en a plusieurs ! Dans mes meilleurs souvenirs, je suis entourée de mes amis proches et de bonne nourriture. Mes endroits préférés, il y a 20 ans, et encore aujourd'hui : une bière St-Ambroise au bar de L'Express, un hot-dog « steamé » à l'Orange Julep pendant l'été, s'asseoir à une table à pique-nique avec des amis. Mon premier souvenir, du ski de fond avec ma famille sur le mont Royal alors qu'il faisait super froid, les jambes qui font mal, mais le bonheur d'être dehors.

Que représente Montréal pour vous ?

Ma relation avec Montréal est une véritable histoire d'amour. Même si je n'y habite plus depuis 17 ans, Montréal a encore un grand attrait émotionnel pour moi. Cette ville représente la juxtaposition de l'ancien et du nouveau, un mélange vertigineux de cultures et de qualités qui repoussent les limites. Montréal n'est pas seulement une ville, c'est une « identité ». Cela signifie être ouvert au monde, généreux, créatif et plein de contradictions. On y trouve la meilleure culture alimentaire du monde, c'est le lieu de naissance de Leonard Cohen, la vie à l'extérieur, les balcons et les parcs y sont plus importants que dans toute autre ville de l'hémisphère Nord. À Montréal, on embrasse un inconnu sur les deux joues lorsqu'on vous le présente, et on est invité à sa table pour partager le repas. On n'est pas « de Montréal », on est plutôt Montréalais pour la vie.

Quelle est la plus grande qualité et quel est le plus grand défaut de Montréal ?

Alors que Montréal est le coeur culturel du Canada, sinon de l'Amérique du Nord, il est triste que la ville ait la plus faible croissance économique et le plus faible revenu disponible par habitant au pays. Je crois que sa plus grande opportunité est de mettre en oeuvre des mesures visant à générer des investissements, créer des incitatifs fiscaux pour les jeunes entrepreneurs et mettre en oeuvre une mentalité de croissance et d'innovation. Je suis heureuse que des fonds publics soient investis pour réparer les infrastructures qui s'effondrent. La prochaine étape critique : la croissance de l'emploi. Je suis partie en 2000, comme beaucoup de mes amis, pour trouver de meilleures opportunités de carrière. Des années plus tard, je m'ennuie encore du style de vie et de la culture de cette ville que j'aime. Si j'avais confiance de pouvoir me construire une carrière aussi solide à Montréal qu'à New York, je serais revenue à Montréal il y a des années.

La meilleure qualité de Montréal, de loin, est son peuple. Rien ne se compare à la gentillesse, à la chaleur et à l'authenticité d'un Montréalais. Si vous voyagez à l'étranger et que vous rencontrez par hasard quelqu'un de cette ville, vous ressentez une parenté naturelle. C'est dans le bisou sur les deux joues, le style génial, la poignée de main ferme, le sens de l'humour et l'invitation à partager un repas. J'entends souvent dans le métro, à Manhattan, l'accent distinctif de l'anglais de Montréal, ou quelqu'un qui parle français. Ces touristes, qui visitent ce qui est devenu aujourd'hui « ma ville », partagent le même sentiment que moi : nous comprenons que même si New York est considérée comme la meilleure ville au monde, il n'y a pas de meilleure place que la maison et cette maison, c'est Montréal.

Que souhaitez-vous à Montréal pour son 375e anniversaire ?

La seule chose que j'espère pour Montréal et pour ceux qui gouvernent la ville, c'est de se permettre de chérir et de protéger sa culture d'ouverture. Lorsqu'une culture est si unique et spéciale, le risque est de vouloir la protéger à tout prix, de se fermer sans laisser les autres découvrir sa beauté. J'espère que l'innovation commerciale, la culture de la croissance et de la prise de risque pourront se développer à nouveau, de sorte que les jeunes ne cherchent pas d'opportunités futures ailleurs.

- propos recueillis par Marie-Eve Fournier