La grogne au sein du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal est si grande que des syndiqués ont décidé de se mobiliser sous une nouvelle bannière, afin de dépoussiérer les façons de faire pour la défense des travailleurs, a appris La Presse.

L'Unité syndicale des cols bleus de Montréal doit voir le jour officiellement demain sous l'impulsion d'une dizaine de cols bleus de l'arrondissement de Montréal-Nord. « On a essayé de changer les choses à l'interne, mais tout est contrôlé. C'est une dictature. On a donc choisi d'offrir une alternative pour que la base se réapproprie son syndicat », a soutenu en entrevue le porte-parole du groupe, Patrick Roy.

La décision de créer un syndicat indépendant n'est pas étrangère à la réticence à laquelle se serait buté M. Roy. Le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal est membre (local 301) du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui est affilié à la FTQ. « Les autres centrales n'ont pas trop envie d'affronter les cols bleus », s'est-il borné à dire.

GUERRE DE CLANS

Col bleu depuis 2006, M. Roy a déjà occupé des fonctions officielles au sein du syndicat. Mais il a agi contre l'avis des dirigeants alors qu'il soutenait un col bleu qui se disait lésé. Ce travailleur voulait déposer un grief pour ne pas avoir obtenu la permanence parce que le syndicat et l'employeur avaient négocié la promotion d'un autre employé. Le col bleu a porté plainte contre son syndicat et a gagné sa cause devant la Commission des relations du travail. Résultat : « J'ai été banni du syndicat », explique M. Roy.

Selon ce dernier, une guerre de clans sévit au sein du local 301 depuis de nombreuses années, alimentée par deux anciens présidents tous deux retraités, Jean Lapierre - qui est derrière l'actuelle présidente Chantal Racette - et Michel Parent.

Une fois l'Unité syndicale des cols bleus de Montréal mise en place, M. Roy et sa petite équipe solliciteront leurs collègues de travail pour qu'ils adhèrent à la nouvelle unité d'accréditation. Ce ne sera pas une mince tâche, de l'aveu même de M. Roy. Il lui faudra convaincre plus de 50 % des cols bleus, soit quelque 3300 personnes dans les 19 arrondissements de Montréal.

« Quand on a commencé à en parler autour de nous, ça faisait peur à cause de la réputation du syndicat en place et de ses fiers-à-bras. Mais ça change parmi les cols bleus et j'ai bon espoir qu'il y aura un effet d'entraînement », dit M. Roy.

PÉRIODE DE MARAUDAGE

Cette campagne de recrutement se fera dans le cadre de la période de maraudage qui se déroulera jusqu'en août prochain. M. Roy et son entourage veulent faire le tour des lieux de travail, mais s'attendent aussi à ce que les travailleurs les contactent par courriel (syndicatmtl@hotmail.com). Si le mouvement donne des résultats, l'étape suivante sera de déposer une demande de reconnaissance officielle par le ministère du Travail. « C'est peut-être David contre Goliath, mais il faut se rappeler que dans cette histoire-là, c'est David qui gagne », a rappelé Patrick Roy.