Les référendums municipaux continuent à faire des vagues à Montréal. Près de 250 citoyens de Verdun ont réussi hier à imposer la tenue d'un vote pour trancher sur un projet d'agrandissement d'une épicerie. Mais dans un autre dossier du même arrondissement, la métropole annoncera aujourd'hui qu'elle passera outre une demande référendaire pour la construction d'une nouvelle école primaire.

Alors qu'une tempête balayait le sud du Québec hier, c'est un vent de colère qui soufflait dans Verdun. Pas moins de 247 citoyens ont bravé les bourrasques pour aller signer un registre au bureau de l'arrondissement afin d'imposer la tenue d'un référendum sur le projet d'agrandissement d'une épicerie, soit un peu plus que les 243 signatures nécessaires pour enclencher le processus.

Le maire de l'arrondissement, Jean-François Parenteau, prend note du résultat et indique que son administration devra décider si elle va de l'avant avec un vote ou si elle demande le retrait du projet afin que celui-ci soit repensé.

C'est toutefois un tout autre scénario dans un autre dossier à Verdun. Alors qu'un groupe de citoyens a également réussi en octobre dernier à obtenir le nombre de signatures requises pour imposer un référendum, Montréal s'apprête à aller de l'avant malgré tout avec la construction d'une école primaire dans le quartier Crawford-Park. La métropole compte invoquer l'article 89 de sa Charte, qui lui permet d'autoriser tout projet d'établissement d'enseignement à la condition de tenir une consultation sous l'égide de l'Office de consultation publique de Montréal.

DÉRAPAGES OU SUCCÈS RÉFÉRENDAIRES ?

Ces deux projets illustrent les dérapages des référendums municipaux et justifient leur abolition dans le projet de Loi pour étendre les pouvoirs des municipalités que Québec s'apprête à adopter, estime Jean-François Parenteau. « Malheureusement, avec le processus référendaire, on répond plus à une notion d'opposition qu'à un besoin de construction », dit le maire de Verdun.

Selon cet élu d'Équipe Coderre, cette épée de Damoclès planant sur les projets freine la créativité des promoteurs. « On aimerait encourager la créativité, mais pour éviter de choquer, les entrepreneurs préfèrent prendre un chemin neutre. C'est pour ça que les constructions restent dans le beige », déplore-t-il.

À l'inverse, ces deux projets démontrent que les règles actuelles fonctionnent, croit pour sa part la conseillère d'arrondissement Marie-Andrée Mauger, de Projet Montréal. Favorable au projet d'école, mais opposée à l'agrandissement de l'épicerie, l'élue de l'opposition constate que la Ville pourra malgré tout imposer la construction de l'établissement primaire en invoquant l'article 89 « puisqu'il s'agit d'un projet pour le bien commun ». À l'inverse, grâce aux référendums, les citoyens détiennent un levier pour se faire entendre sur les irritants des projets des promoteurs immobiliers.

Ces vagues référendaires à Verdun surviennent alors que le gouvernement envisage d'abolir ce recours citoyen dans la métropole. En commission parlementaire, l'Union des municipalités du Québec a plaidé pour que leur élimination soit étendue à l'ensemble des villes.

Le projet d'épicerie en bref...

Outre l'agrandissement d'une épicerie, le projet Bellemare prévoit la construction de 47 logements au-dessus du commerce. L'immeuble aurait ainsi quatre étages alors que le zonage en permet trois.

Le projet d'école en bref...

Pour répondre au manque de places dans les écoles de cet arrondissement qui attire de nombreuses jeunes familles, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys a proposé d'aménager une nouvelle école primaire de 14 classes sur deux étages dans le quartier Crawford-Park. Si le projet obtient toutes les autorisations requises, la construction pourrait débuter dès septembre 2017 et son ouverture pourrait ainsi avoir lieu à temps pour la rentrée 2018.