Le statut de métropole ne règle en rien les problèmes de taxation des petits commerçants qui se trouvent à subventionner les grandes chaînes, dénonce Projet Montréal.

L'opposition à l'hôtel de ville de Montréal a présenté ce matin une compilation des variations de taxes de nombreux commerces installés à Montréal. Leurs chiffres indiquent que plusieurs grandes bannières ont obtenu une baisse de taxes après avoir vu la valeur de leurs bâtiments réévalués à la baisse. À l'inverse, de nombreux petits commerçants ont encaissé des hausses salées après avoir vu la valeur de leur immeuble augmenter. «En ce moment, les petits commerçants subventionnent les grandes bannières», dénonce Valérie Plante.

C'est le cas notamment de Gaby Kassas, propriétaire du Café Sfouf, dans Ville-Marie, dont les taxes ont augmenté de 742 $ cette année. Pourtant, à quelques portes de là, une station-service Ultramar verra son compte de taxes baisser de 1200 $. «Il y a des moments où je me demande pourquoi je fais cela», dit-elle, découragée. Loin de rouler sur l'or, elle dit avoir touché un «mini salaire de 20 000 $ par année».

Le restaurateur Danny St-Pierre, propriétaire de la Petite Maison, aussi n'en revient pas de voir ses taxes augmenter de 1200 $ cette année alors que celles d'un restaurant rapide situé non loin baisseront de 1800 $. «On se ramasse à subventionner des big-box, regrette-t-il. Je suis à l'aise de faire ma part comme propriétaire, comme commerçant, mais je trouve cela insultant.»

Danny St-Pierre trouve cette situation d'autant plus déplorable que les restaurateurs de Montréal constatent une désaffection croissante des clients provenant des couronnes. Le restaurateur note que le nombre élevé de chantiers en a rendu plusieurs rendus frileux, ceux-ci préférant rester en banlieue plutôt qu'affronter les cônes de la métropole. «Ça, c'est de l'argent qui ne rentre pas sur l'île.»

La chef de Projet Montréal, Valérie Plante, estime que la nouvelle Loi devant confier plus de pouvoirs à la Ville de Montréal ne règlera pas la problématique, comme le promettait le maire. «Denis Coderre disait que le Statut de métropole allait donner de nouveaux outils pour régler au problème de fiscalité, mais c'est un échec lamentable. Il n'y a rien dans le Statut de métropole pour moderniser les outils fiscaux.»

L'administration Coderre réplique que la hausse de taxes moyenne des commerces s'est établie à 0,9%, soit la moitié de la hausse résidentielle. On souligne que les hausses varient en fonction de la valeur des immeubles et non le type de commerces. On assure que le Statut de métropole accordera des pouvoirs pour adopter des programmes d'aide aux entreprises.