Montréal doit s'attaquer au problème des surdoses provoquées par les opioïdes comme le fentanyl avant que la vague mortelle observée ailleurs en Amérique du Nord ne le frappe de plein fouet.

C'est l'appel que fera aujourd'hui le chef de Coalition Montréal, Marvin Rotrand, à la séance du conseil municipal. L'élu compte interpeller l'administration Coderre afin de réclamer un plan de match contre le fléau des opioïdes, qui prend de plus en plus d'ampleur au Canada. Marvin Rotrand suggère ainsi la création d'urgence d'un groupe de travail pour mettre en place une stratégie avant que le fentanyl ne provoque une vague de surdoses dans les rues de la métropole.

«Nous allons être affectés tôt ou tard par cette épidémie qui déferle sur l'Amérique du Nord. Nous devons être proactifs pour sauver des vies.» - Marvin Rotrand, chef de Coalition Montréal

Le conseiller municipal demande également à Montréal d'adopter une motion pour soutenir le projet de loi C37 présenté en décembre par la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott. Celui-ci vise à faciliter l'ouverture des centres d'injection supervisée. Le maire Coderre a maintes fois manifesté son désir d'aller de l'avant avec l'ouverture de tels centres à Montréal pour réduire les risques auxquels s'exposent les toxicomanes. Le projet de loi cherche aussi à rendre plus difficile l'importation de drogues mortelles, comme le fentanyl.

L'élu demande également à ce que Montréal réclame à Québec la fin de la couverture des médicaments les plus forts, à l'instar de l'Ontario.

Augmentation du nombre de surdoses

Même si la crise est moins aiguë qu'en Colombie-Britannique, le Québec n'y échappe pas. Le nombre de surdoses a doublé entre 2000 et 2012 au Québec. Durant cette période, le nombre de décès annuel est passé de 94 à 180. La quasi-totalité (93%) est attribuable aux médicaments opioïdes, le nombre de surdoses dues à l'héroïne étant demeuré stable.

Le Québec ne dispose pas de données plus récentes, la province n'ayant pas un système de surveillance des surdoses, ce qui empêche d'avoir un portrait à jour. «Cependant, ces dernières années, des travaux ont été amorcés en ce sens à Montréal notamment, en préparation au dossier des services d'injection supervisée (SIS) et, plus récemment, dans les suites de la vague de surdoses de 2014», explique Hélène Perrault, de la Direction de santé publique de Montréal.

Depuis le printemps 2016, un Groupe de vigie des surdoses a été mis en place à Montréal. On tente de colliger des données afin de sonner rapidement l'alarme si jamais l'épidémie frappait la métropole.

Signes inquiétants

Si les données sur les surdoses ne sont pas à jour au Québec, des signes inquiétants se font sentir, les saisies d'opioïdes s'étant multipliées au cours des derniers mois.

En décembre dernier, l'Agence des services frontaliers du Canada a saisi à l'aéroport de Mirabel 209 grammes de carfentanil, un opioïde 200 fois plus puissant que le fentanyl. Le colis avait été envoyé depuis la Chine, où se trouvent de nombreux laboratoires clandestins de drogues de synthèse inondant le marché noir canadien.

Le 23 décembre, les policiers de la Sûreté du Québec ont démantelé pour la première fois un laboratoire clandestin dans lequel on encapsulait du fentanyl, à Potton, en Estrie. Un autre laboratoire clandestin a aussi été démantelé par la police de Gatineau en octobre 2016.

La Colombie-Britannique demeure l'épicentre de la crise. La province a rapporté 914 décès en 2016, soit 79% de plus qu'en 2015, selon Radio-Canada. C'est trois fois plus que le nombre de décès sur les routes de cette province (300 en 2015), selon le Bureau des coroners.

Aux États-Unis, l'American Society of Addiction Medicine rapporte 55 403 surdoses mortelles en 2015, les deux tiers d'entre elles étant attribuables aux opioïdes.