Acceptez notre projet immobilier, sans quoi vos taxes augmenteront de plus de la moitié pour les 20 prochaines années. C'est le message envoyé par un groupe de promoteurs aux citoyens de Sainte-Anne-de-Bellevue dans le cadre d'un bras de fer avec la municipalité de l'ouest de l'île de Montréal à propos du lotissement d'un espace vert.

Développement immobilier Sainte-Anne-de-Bellevue, qui regroupe trois promoteurs, a envoyé aux 5000 Annabellevois un dépliant les invitant à faire pression sur leur municipalité pour autoriser leur projet de construire 140 maisons unifamiliales sur un terrain acquis en 2012. « Que souhaitez-vous vraiment ? Un projet immobilier porteur d'avenir dans le secteur nord [...] ou une augmentation de votre compte de taxes de près de 55 % ? »

Sainte-Anne-de-Bellevue refuse en effet ce projet et a plutôt décidé d'imposer un programme particulier d'urbanisme (PPU), dont l'adoption est prévue en mars 2017. Plutôt que des maisons unifamiliales, celui-ci prévoit la préservation d'une importante partie du terrain de 14 hectares et des constructions plus denses, comme des maisons en rangée, des jumelés et des plex, dans les secteurs où le lotissement sera autorisé.

Cette vocation s'inscrit dans le cadre de l'arrivée du Réseau électrique métropolitain, le terrain étant voisin du terminus de l'une des lignes du train proposé par la Caisse de dépôt.

POURSUITE DE 30 MILLIONS

Mécontents, les promoteurs, Habitations Sylvain Ménard, Habitations Raymond Allard et Construction Jean-Houde, menacent la municipalité de poursuite. Ils disent être prêts à réclamer le coût du terrain (plus de 10 millions) ainsi que les frais engagés et les pertes de revenus (plus de 20 millions). Ils chiffrent ainsi à plus de 30 millions ce qu'ils comptent réclamer à Sainte-Anne-de-Bellevue, « ce qui se traduirait par une augmentation de plus de 54 % du compte de taxes municipales moyen sur une période de 20 ans ». S'ils ont écrit directement aux citoyens, c'est qu'ils comprennent mal l'intérêt de dépenser autant dans le but de protéger un terrain dont la valeur environnementale est limitée.

Disant avoir consulté des avocats, la municipalité réfute l'affirmation voulant qu'elle doive dédommager les promoteurs. « On permet le développement sur ce terrain, même si ce n'est pas ce que le promoteur veut développer », dit Martin Bonhomme, directeur général de Sainte-Anne-de-Bellevue. Celui-ci souligne que la municipalité est en droit d'orienter le développement sur son territoire, d'où l'adoption prochaine d'un PPU.