Après des mois de conflit avec l'industrie du taxi, Uber se prépare à lancer un autre service à Montréal, moins controversé que le transport de personnes. Avec UberEATS, la multinationale s'attaque au marché de la livraison de repas à domicile.

Si Uber refuse de donner une date de lancement officielle pour l'instant, tout porte à croire que le service sera accessible aux Montréalais au courant de l'année.

Uber a affiché cette semaine quatre offres d'emploi pour constituer une équipe de base qui sera vouée à la mise sur pied d'UberEATS à Montréal, dont celles de directeur général et de responsable des partenariats avec les restaurants.

«L'arrivée prochaine d'UberEATS dans notre métropole permettra aux Montréalais de se faire livrer en quelques minutes des repas provenant de leurs restaurants préférés. Nous sommes heureux de travailler activement à amener l'expérience des courses Uber que les Montréalais ont appréciées à la livraison de repas», a déclaré à La Presse Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole d'Uber au Canada.

Lancé en 2014 aux États-Unis par Uber, UberEATS est un service de livraison à domicile des repas en provenance d'entreprises locales qui fonctionne grâce à une application. Actuellement offert dans plus de 50 villes dans le monde, UberEATS est implanté au Canada depuis décembre 2015 et dessert actuellement Ottawa, Toronto et Edmonton. Selon des données fournies par Uber, près de 100 000 livraisons avaient été effectuées neuf mois après le lancement de l'application à Ottawa, un marché plus petit que Montréal.

«Une nouvelle vitrine»

Sylvain Charlebois, professeur titulaire à la faculté de management et d'agriculture de l'Université Dalhousie, à Halifax, estime qu'UberEATS permettra à de petites entreprises de Montréal de profiter d'un service de livraison qu'elles ne pourraient se payer autrement et d'ainsi percer un marché surtout occupé par les grandes chaînes.

«C'est un modèle parfait pour Montréal, à mon avis. Il existe beaucoup de beaux petits restaurants indépendants qui ont de très bons plats à offrir, mais dont le marché est limité. UberEATS a la capacité d'offrir une nouvelle vitrine à ces produits-là , croit le professeur.

L'application s'inscrit en plein dans l'air du temps, ajoute M. Charlebois, qui estime que si la tendance se maintient d'ici 2035, le ménage canadien moyen va dépenser en alimentation autant hors de la maison qu'à l'épicerie, une proportion qui est actuellement de 30%-70%.

«Chaque année, les recettes globales en restauration au Canada augmentent de 4 à 5% en moyenne, ce qui est vraiment supérieur à l'augmentation que l'on voit en épicerie. Le problème, c'est que 65% de ce chiffre d'affaires appartient aux grandes chaînes. UberEATS donne ainsi la chance aux petits restaurateurs de faire compétition aux grandes chaînes. »

Comment ça fonctionne?

La logistique d'UberEATS demeure sensiblement la même d'une ville à l'autre, mais certains détails, comme les frais de livraison, peuvent varier selon le marché. Ainsi, à Toronto et à Ottawa, les frais de livraison qui s'ajoutent à la facture du repas sont actuellement de 4,99 $.

En se rendant sur l'application, le consommateur peut voir le temps de livraison estimé pour chaque établissement, sélectionner le restaurant et les plats désirés, payer en ligne, et enfin suivre le cheminement de son repas, du restaurant jusqu'à son adresse de livraison, à l'image de l'application Uber.

Le service favorise normalement les partenariats avec des restaurants locaux. Ces derniers doivent donner un certain pourcentage des ventes à UberEATS. Quant à la livraison, elle est effectuée par des chauffeurs UberX - qui peuvent ainsi combiner le transport des personnes avec la livraison de nourriture - ou UberEATS. À Toronto, par exemple, certains livreurs UberEATS utilisent le vélo comme moyen de transport; on peut imaginer que certains repas livrés par UberEATS le seront sur deux roues lorsque le service sera lancé à Montréal.

Service légal

Comme UberEATS ne concerne pas le transport de personnes, le service est donc légal et n'est pas concerné par le projet-pilote Uber, qui a obtenu un permis intermédiaire en services de transport par taxi, valide jusqu'au 14 octobre 2017. D'autres entreprises, comme À la Carte Express, Just Eat et Foodora, offrent un service similaire à Montréal.