Edward Snowden estime que l'espionnage récent d'un journaliste de La Presse par le Service de police de la ville de Montréal est une « attaque radicale » contre la liberté de presse.

Lors d'une vidéoconférence tenue mercredi soir à l'université McGill, le célèbre lanceur d'alerte a souligné, sans le désigner nommément, que la démission du chef du corps policier, Philippe Pichet, lui semblait nécessaire pour rétablir la confiance du public.

L'affaire démontre, selon lui, que les lois mises en place pour protéger journalistes et citoyens contre des pratiques de surveillance abusives ne fonctionnent pas adéquatement.

« La loi commence à échouer à protéger nos droits [...] parce que le gouvernement a créé tellement de mécanismes pour les contourner », a-t-il fait valoir.

Voyez la conférence (qui commence vers 1:25:00) :

Débrayage

La conférence a commencé avec un peu plus d'une heure de retard. L'événement, qui devait commencer à 19 h, a été perturbé par les membres du syndicat d'employés occasionnels l'université McGill, qui avaient érigé une ligne de piquetage en face de la salle de l'événement.

Ce débrayage « est une force » qui « fait partie de la démocratie », a dit M. Snowden en commençant son intervention.

La vidéoconférence a par ailleurs dû être interrompue brièvement parce que des internautes tentaient de pirater la communication. L'allocution de M. Snowden était diffusée en direct sur YouTube.

Invité à donner son opinion sur l'élection présidentielle américaine, l'ex-informaticien s'est dit déçu d'assister à une campagne où les arguments se résument à des « insultes » basées sur les personnalités des candidats.

« Nous devons être très prudents à ne pas fonder tous nos espoirs dans une élection », a-t-il dit, ajoutant qu'on ne peut faire confiance à personne d'autre qu'à soi-même.

« Oh, Canada... »

M. Snowden s'est intéressé à l'actualité québécoise dans les derniers jours. La Presse a révélé cette semaine que son chroniqueur, Patrick Lagacé, avait fait l'objet de surveillance policière pendant plusieurs mois. Mercredi, la Sûreté du Québec (SQ) a confirmé avoir enquêté sur six journalistes relativement à la diffusion de contenu d'écoutes électroniques.

M. Snowden a partagé et commenté les deux nouvelles sur son compte Twitter.

Depuis qu'il a fait ses révélations explosives, en 2013, M. Snowden est exilé en Russie, étant accusé notamment d'espionnage aux États-Unis.

- Avec La Presse Canadienne