Le Quartier chinois de Montréal a offert un bien triste spectacle aux touristes l'été dernier, alors que ses arches traditionnelles sont cachées par d'immenses échafaudages depuis mai. Leur réfection, qui devait être terminée en septembre, devrait prendre encore au moins trois mois alors que la métropole recevra seulement demain les pièces nécessaires aux travaux.

Un habitué du Quartier chinois, Wandi Zhang, n'en revient pas de voir les arches ainsi cachées en pleine saison touristique. « On dirait qu'ils se sont arrangés pour scraper le paysage pendant tout l'été. Je trouve cela bizarre, illogique », déplore ce Montréalais.

En mai, l'arrondissement de Ville-Marie a entrepris la réfection des quatre arches marquant l'entrée du Quartier chinois, ainsi que de la pagode, située à la place Sun-Yat-Sen. Ces travaux s'imposaient depuis longtemps : les tuiles couvrant ces structures menaçaient de tomber depuis 15 ans. Un filet avait dû être installé en 2014 pour empêcher leur chute.

Les travaux ont toutefois accumulé les retards. Le chantier « a été ralenti en raison d'un délai de production de trois mois des tuiles en Chine par le manufacturier chinois », explique Anik de Repentigny, porte-parole de l'arrondissement de Ville-Marie. Leur réception est prévue demain au port de Montréal, ce qui permettra de relancer les travaux.

« Je trouve que c'est mal géré. En partant, si on n'avait pas les tuiles, pourquoi avoir commencé en mai pour laisser les échafaudages tout l'été alors que personne n'y travaillait ? », se demande Wandi Zhang, un habitué du Quartier chinois.

« Le fait d'attendre la réception des tuiles avant d'entamer les travaux préparatoires aurait eu pour effet de repousser certaines interventions jusqu'à l'été 2017 », explique la porte-parole de l'établissement Anik de Repentigny.

Et même si on n'a pas vu de travailleurs depuis longtemps sur les échafaudages entourant les arches, la Ville assure que le chantier n'a jamais été à l'arrêt complet pour autant. « S'il n'y a pas d'interventions physiques sur les arches actuellement, les travaux ne sont pas arrêtés pour autant et ils se font de manière continue, notamment en laboratoire », poursuit Anik de Repentigny.

Ville-Marie assure que plusieurs travaux ont eu lieu malgré le retard dans la livraison des tuiles, des correctifs à la charpenterie, à la peinture. On a aussi appliqué un produit antigraffiti et installé des mesures protectrices.

« D'un coté, c'est bon : la Ville retape le Quartier chinois, qui en avait bien besoin. Mais de l'autre, je suis sûr que ç'aurait pu être mieux fait », maintient Wandi Zhang.

Les travaux de réfection ont été confiés à la firme St-Denis Thompson, qui a décroché cet hiver ce contrat de 1,5 million. La firme d'architectes Cardin Ramirez Julien a quant à elle reçu le mandat de surveillance du chantier. Son contrat a été majoré en avril pour s'établir à 99 999,99 $.

Travaux voisins



Alors que Montréal refait une beauté aux arches du Quartier chinois, un hôtel voisin, le Holiday Inn Chinatown, est lui aussi à refaire les deux pagodes coiffant sa toiture. Les gestionnaires de l'immeuble assurent qu'il s'agit d'un simple hasard si les travaux se déroulent en même temps. « C'est effectivement une coïncidence, c'est arrivé comme cela. Il n'y a pas de lien entre les travaux sur les pagodes et les travaux sur les arches », dit Dominic Cavalluzzi, directeur général du Holiday Inn Montréal Centre-Ville.

Si le chantier de Montréal accuse trois mois de retard, les gestionnaires de l'hôtel indiquent ne pas avoir eu de retards dans leurs travaux, qui devraient être terminés au printemps 2017. « Il n'y a pas de problèmes ni de délais, poursuit M. Cavalluzzi. L'architecte est en train de refaire le design du toit avec les pagodes. Nous attendons les suggestions de l'architecte quant au nouveau matériel à utiliser. L'architecte procédera ensuite à obtenir un permis de la Ville pour l'application de ce nouveau matériel. »