Loin d'avoir le pied sur l'accélérateur comme elle le prétend, l'administration Coderre a mis un frein sur le développement des véhicules en libre-service (VLS) avec son projet d'électrification, dénoncent les deux opérateurs en place à Montréal. Faux, répond l'élu responsable des transports, Aref Salem, rétorquant que ces entreprises sont simplement réfractaires au changement.

Car2Go et Communauto ont joint leurs forces pour dénoncer l'approche de la métropole face aux VLS. Selon eux, le projet de doter Montréal d'un réseau de 1000 véhicules électriques d'ici 2020 freine le développement de ce mode de transport alternatif.

«On ne joue pas franc jeu. On aimerait que les choses soient dites clairement. Si on est contre les VLS, qu'on le dise, ne nous cachons pas. Si on est pour, soyons-le réellement, dit Benoît Robert, PDG de Communauto. Il y a une limite à prétendre quelque chose et faire son contraire.»

Les deux entreprises ont formulé aujourd'hui plusieurs récriminations contre le projet de l'administration Coderre:

Plafond du nombre de véhicules hybrides et à essence

Impossibilité de remplacer un véhicule hybride ou à essence en cas de bris

Obligation de payer une nouvelle vignette si elle décolle ou se décolore

Augmentation de 30% du prix de la vignette

Flou quant à l'entrée en vigueur des nouvelles règles

Communauto et Car2Go en ont particulièrement contre le plafond de 1000 véhicules imposé par l'administration Coderre. Quand Communauto a lancé ses activités de VLS, l'entreprise évaluait que le marché montréalais pouvait accommoder 300 voitures. Les deux fournisseurs en alignent présentement 1100 dans les six arrondissements acceptant ces véhicules. Et selon Benoît Robert, la métropole pourrait en compter facilement 2000 si les 19 arrondissements ouvraient leurs portes.

Signe du frein imposé par le projet, Communauto dit être interdite de remplacer ses voitures accidentées. Lundi, un conducteur a eu un grave accident. S'il s'en est tiré indemne, la voiture, elle, est une perte totale. L'entreprise dit ne pas n'être autorisée à la remplacer en vertu des nouvelles règles. «L'assureur va nous la remplacer, mais on va se retrouver avec une voiture qu'on ne pourra remettre en service», déplore Benoît Robert.

Les deux opérateurs s'expliquent mal l'approche de la Ville face aux VLS. «Ce n'est pas comme si une ville peut avoir trop de moyens de transport alternatifs», dit Jérémi Lavoie, directeur général de Car2Go Montréal.

Réplique cinglante

L'administration Coderre a répliqué de façon cinglante à la sortie des deux opérateurs de VLS. «Ils ne veulent pas avoir un changement. Je suis sûr qu'ils ont peur de l'électrification», a rétorqué Aref Salem.

Car2Go et Communauto ont assuré plus tôt qu'elles n'étaient pas opposées à l'électrification des VLS.

L'élu responsable des transports affirme que l'administration Coderre est ferme dans sa volonté d'avoir un réseau de VLS électriques. Quant au nombre de 1000, il ne s'agit pas d'un plafond, mais d'un minimum, assure Elsie Lefebvre, élue responsable de l'électrification des transports.

Quant à la double facturation en cas de perte des vignettes, Aref Salem assure qu'il s'agit d'une coquille dans le règlement qui sera corrigée. Il n'est pas question de demander 1300$ pour l'obtention d'un nouvel autocollant.