Depuis deux ans, l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau est de loin le pire aéroport du pays quant au temps d'attente à la douane. Parmi les quatre grandes portes d'entrée au pays, il est responsable de 75 % des attentes supérieures à une heure cette année, selon les données obtenues par La Presse. Montréal compte pourtant en proportion plus de guérites douanières qu'à Toronto, mais trop de guérites sont fermées aux heures de pointe.

SOUVENT PLUS D'UNE HEURE

Depuis le 1er avril 2016, l'attente à la douane à l'aéroport Montréal Trudeau a dépassé une heure à 15 reprises (15 jours différents), selon les données obtenues par La Presse auprès de l'Agence des services frontaliers du Canada.

Pour les trois autres grands aéroports du pays (Toronto, Vancouver et Calgary), l'attente n'a dépassé une heure qu'à cinq reprises, chaque fois à l'aéroport Pearson de Toronto. (Ces données sont du 1er avril au 8 septembre 2016).

L'aéroport Trudeau est le troisième plus grand aéroport du pays en terme de nombre de passagers (14,8 millions en 2015), derrière l'aéroport Pearson à Toronto (39,6 millions) et l'aéroport de Vancouver (19,7 millions), et tout juste devant l'aéroport de Calgary (14,6 millions). Pour l'ASFC, l'objectif d'attente à la douane aéroportuaire est de 20 minutes.

PIRE DEPUIS DEUX ANS

La situation de l'attente à la douane s'est surtout aggravée depuis deux ans à l'aéroport Montréal-Trudeau.

En 2015-2016, l'aéroport montréalais était aussi de loin le pire aéroport du pays en matière d'attente à la douane : l'attente y était supérieure à une heure durant 16 jours, contre seulement trois jours à Calgary et un jour à Vancouver. Montréal représentait ainsi 80 % des retards de plus d'une heure en 2015-2016, contre 75 % des retards supérieurs à une heure entre le 1er avril et le 8 septembre 2016.

En 2014-2015, le temps d'attente a rarement dépassé une heure à la douane aéroportuaire : quatre fois à Montréal et une fois à Calgary. En 2013-2014, c'est Toronto qui arrivait au premier rang avec 5 retards supérieurs à une heure, contre deux à Montréal, deux à Vancouver et un à Calgary.

MEILLEUR RATIO DE GUÉRITES



Pour expliquer l'attente à la douane aux heures de pointe cet été, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et divers intervenants faisaient notamment valoir que le nombre de passagers aux heures de pointe avait augmenté de façon importante au cours des dernières années. C'est vrai. Sauf que selon les données fournies par l'ASFC du 1er au 8 septembre dernier, l'aéroport Montréal-Trudeau (69 guérites, soit 27 guérites régulières et 42 bornes automatisées) comptait davantage de guérites que Toronto en proportion pour son flot de passagers aux heures de pointe. Montréal comptait 36 guérites par 1000 passagers à l'heure, comparativement à 28 pour le terminal 1 à Toronto, 27 pour le terminal 3 à Toronto. Vancouver comptait 38 guérites par 1000 passagers aux heures de pointe, contre 23 pour Calgary.

TROP DE KIOSQUES FERMÉS

Un problème frappant : Montréal est de loin l'aéroport qui a le plus de guérites fermées aux heures de pointe. Entre le 1er et le 8 septembre, Montréal avait en moyenne entre 17 et 21 guérites ouvertes sur 27, soit une médiane de 70 % des guérites ouvertes. En guise de comparaison, le terminal 1 à Toronto a ouvert 91 % de ses guérites (31 sur 34), le terminal 3, 100 % (16 sur 16), l'aéroport de Vancouver, 82 % (17 à 24 sur 25), et l'aéroport de Calgary, 94 % (14 à 16 sur 16).

FLUX PLUS INTENSE À TORONTO

Une guérite douanière ouverte à l'aéroport de Toronto permet aussi de passer davantage de passagers à l'heure qu'à Montréal : 37 passagers à l'heure par guérite à Toronto, contre 31 à Montréal, 29 à Vancouver et 47 à Calgary.

Autrement dit, même en excluant les guérites fermées des calculs, Montréal comptait davantage de guérites ouvertes pour son flot de passagers (32 guérites par 1000 passagers aux heures de pointe) que Toronto (27) et Calgary (21). Du 1er au 8 septembre, Vancouver en comptait encore davantage : 35 guérites ouvertes par 1000 passagers aux heures de pointe.

Ces chiffres comprennent à la fois les guérites régulières (avec des agents douaniers) et les bornes automatisées, mais pas les guérites Nexus qui ne sont pas automatiquement accessibles à tous. En comptant les guérites Nexus, Montréal a 40 guérites disponibles par 1000 passagers aux heures de pointe, le terminal 1 de Toronto, 38, le terminal 3 de Toronto, 39, Calgary, 38 et Vancouver, 44.

3 SUR 6

Durant la période du 1er au 8 septembre dernier, Montréal a eu trois jours où l'attente a dépassé une heure aux heures de pointe, contre deux jours à Toronto et un jour à Calgary. Pour l'ASFC, l'objectif d'attente à la douane aéroportuaire est de 20 minutes.

ET LE TEMPS D'ATTENTE MOYEN ?

L'ASFC a indiqué hier qu'elle « n'était pas en mesure » de dévoiler les temps d'attente moyens dans les divers aéroports au pays, autant pour l'été dernier qu'au cours des dernières années. La Presse avait demandé d'obtenir le temps d'attente moyen aux heures de pointe pour les quatre plus importants aéroports du pays (Montréal, Toronto, Vancouver, Calgary), mais l'ASFC a plutôt communiqué le nombre de jours où l'attente dépassait une heure. Aux États-Unis, l'agence américaine des douanes publie de façon très précise les temps d'attente à la douane de tous les aéroports américains.