Depuis le printemps dernier, Pierre Lavoie a évoqué avec plusieurs personnes l'idée de créer une nouvelle grande course dans la métropole. Une éventualité que le bureau du maire Coderre accueille très favorablement.

Le président du Grand défi Pierre Lavoie a d'abord pensé acquérir l'évènement existant du marathon de Montréal, mais n'a pas tâté le terrain jusqu'à maintenant auprès de Competitor Group International (CGI), l'entreprise californienne propriétaire de l'évènement depuis 2011.

« Depuis des mois, j'entends dire que Pierre Lavoie va m'appeler, mais il ne l'a jamais fait, dit Josh Furlow, président de CGI, en entrevue à La Presse. S'il m'appelait, je lui dirais que je serais heureux de le rencontrer, que j'ai beaucoup de respect pour lui, mais que nous n'avons aucune intention de vendre. »

« Ni Pierre Lavoie ni le Grand défi n'ont eu de discussions, de pourparlers ou autres, passés ou actuels, avec les propriétaires du marathon de Montréal », indique Stéphanie Charette, directrice des communications au Grand défi Pierre Lavoie.

Mme Charrette ajoute cependant que le GDPL est « constamment en train d'évaluer de nouveaux projets afin de mettre les gens en mouvement ».

Trois sources, qui ont directement parlé à M. Lavoie, ont confirmé que ce dernier s'intéressait de près au marathon de Montréal. Depuis le printemps, il a sondé le terrain sur deux idées : acquérir l'actuel marathon ou alors créer un nouvel évènement à Montréal.

Si Pierre Lavoie créait un nouvel évènement de course à Montréal, il serait assurément très différent de l'actuel marathon. L'approche du triathlonien a toujours été participative et familiale, et non compétitive. Le calendrier sportif de l'automne étant déjà chargé dans la métropole - il y a 17 courses au menu d'ici Noël dans la grande région de Montréal -, le président du GDPL serait enclin à placer son évènement au printemps, en mai, afin de se coordonner avec l'offensive des cubes énergie dans les écoles.

Réaliste, selon la Ville

Deux grands évènements de course à Montréal, est-ce réaliste ? Pour la Ville de Montréal, la réponse est oui. « Plusieurs villes dans le monde ont deux marathons. Un évènement sportif supplémentaire, on verrait ça d'un bon oeil. Mais il n'y a pas eu d'approche formelle ou de projet soumis par M. Lavoie », indique Catherine Maurice, directrice des communications de Denis Coderre. Elle n'exclut cependant pas que des discussions informelles aient eu lieu entre le Grand défi et le bureau du maire.

Toronto et New York tiennent notamment deux marathons chaque année. Évidemment, il s'agirait d'une nouvelle dépense pour Montréal : la Ville fournit à l'actuelle organisation du marathon de Montréal des services - police, travaux publics, nettoyage - qui s'élèvent à plus de 400 000 $ chaque année.

Le marathon de Montréal est l'un des cinq évènements les plus populaires de la série Rock 'n roll de 30 marathons de Competitor Group International. 

« C'est un évènement très important pour nous. Avec plus de 30 000 coureurs, il fait partie de notre top 5 et nous voudrions l'amener au top 3 », indique Josh Furlow, président de CGI. 

L'entreprise vient d'ailleurs de renouveler son entente avec Oasis, son commanditaire principal, pour cinq ans.

Cependant, CGI n'est pas dans une grande forme sur le plan financier. En mai dernier, des groupes de prêteurs ont pris le contrôle de l'entreprise, qui aurait de la difficulté à assumer ses dettes. L'organisation du Grand défi Pierre Lavoie, en revanche, a de l'argent : l'OBNL a plus de 5 millions en banque.

Une cohabitation difficile ?

Pour des employés de l'actuel marathon, il est difficile d'imaginer que deux grandes courses cohabitent dans la métropole. « Ça s'est vu dans d'autres villes, mais parfois, ça n'a pas duré longtemps », dit Dominique Arsenault, directrice des communications de l'actuel marathon de Montréal. « Deux marathons, je ne suis vraiment pas certain que ce soit réaliste, ajoute Mario Blain, qui dirige les opérations du marathon depuis 1983. Montréal, c'est un petit marché et les évènements se multiplient depuis plusieurs années. Peu de villes ont deux marathons. »

M. Blain n'a que de bons mots pour CGI. « Depuis notre association avec eux, l'évènement a connu un essor foudroyant », dit-il. Du côté de la Fédération d'athlétisme du Québec, on ne tarit pas non plus d'éloges pour le groupe de San Diego, qui a fait des dons s'élevant à 100 000 $ depuis cinq ans à la fédération.