Le camionneur qui a tenté mardi de sauver un confrère emprisonné dans la cabine de son camion-citerne, sur l'autoroute Métropolitaine à Montréal, a obtenu son congé de l'hôpital.

Carol Bujold a subi une coupure à la main gauche en tentant d'ouvrir la portière du tracteur de la semi-remorque, avant que les flammes n'engouffrent la cabine et fassent exploser la citerne.

Il faudra attendre l'identification formelle du bureau du coroner avant de confirmer l'identité de la victime, un quinquagénaire, même si la Sûreté du Québec a été en contact avec sa famille. Plusieurs médias rapportent qu'il s'agit de Gilbert Prince.

Le patron de Carol Bujold, Jean Carrière, a indiqué en entrevue avec La Presse canadienne, mercredi, que les blessures physiques subies par le camionneur ne sont pas sérieuses, mais que les séquelles psychologiques devraient être beaucoup plus importantes.

«Il a passé une très mauvaise nuit, encore sous le choc. Les images sont encore très vives», a dit en entrevue téléphonique M. Carrière, qui a rendu visite mardi soir à son employé de 51 ans, père d'un garçon de sept ans. Il a aussi communiqué avec la conjointe de M. Bujold mercredi matin.

M. Carrière, patron des matériaux de construction Givesco, de Laval, a précisé que le camion de sacs de ciment conduit par Carol Bujold avait lui aussi été impliqué dans la violente collision sur l'autoroute Métropolitaine, en fin d'après-midi mardi.

Une fois immobilisé sur l'autoroute, M. Bujold s'est «préparé à un autre impact» derrière, qui s'est avéré très violent. Il est ensuite sorti de son camion pour constater les dommages, et peut-être pour venir en aide à d'éventuelles victimes, a relaté M. Carrière. Il a alors constaté que le chauffeur du camion-citerne qui avait embouti son propre camion-plateforme était coincé derrière son volant en raison de la force de l'impact.

«En s'approchant, M. Bujold voyait que le chauffeur du camion-citerne était encore conscient, et ils ont échangé quelques mots - il disait: "aide-moi", "sors-moi d'ici", "j'ai besoin de secours"», a relaté M. Carrière.

M. Bujold a raconté à son patron qu'il avait d'abord vainement tenté, à mains nues, de forcer l'ouverture de la portière du côté passager. Quand des flammes sont apparues, il est retourné dans son véhicule, pour en ramener une barre de fer qui sert aux camionneurs à tendre les courroies sur la plateforme. Il a de nouveau tenté vainement de forcer le métal froissé, mais il a dû se résoudre à abandonner ses efforts à cause des flammes qui prenaient de l'ampleur.

Le tracteur de la semi-remorque s'est effectivement embrasé peu de temps après, et la citerne a ensuite explosé.

M. Bujold a exprimé à l'hôpital son incompréhension d'avoir été «le seul à tenter de le sauver, alors que le feu n'était pas encore pris dans le véhicule», raconte son patron. «Il a été le seul à avoir l'instinct de tenter de sauver ce pauvre homme», déplorait M. Carrière. «Il a fait tout ce qu'il a pu [...] mais tout le monde fuyait les lieux de l'accident, même avant que le feu n'éclate.»

Six autres personnes ont été légèrement blessées dans l'accident impliquant plusieurs véhicules sur ce périphérique montréalais très achalandé, notamment aux heures de pointe.