Un tronçon du train électrique de la Caisse de dépôt et placement entraînera des impacts « inacceptables » aux yeux du ministère de l'Environnement, révèlent des études d'impact rendues publiques jeudi. Des documents qui démontrent que deux espèces menacées risquent d'être perturbées par le projet.

« Inacceptables »

La partie du Réseau électrique métropolitain (REM) qui reliera le Technoparc Saint-Laurent à l'aéroport inquiète le ministère de l'Environnement. Le tracé que semble privilégier le promoteur coupe un riche milieu humide. Dans un échange avec CDPQ Infra, les fonctionnaires qualifient d'« inacceptables » ses impacts, même avec des mesures d'atténuation. Ils exhortent le promoteur à « éviter complètement » le parc-nature des Sources, un projet de conservation qui touchera plusieurs terrains du secteur. Ce même ministère avait pourtant autorisé le Technoparc à assécher plusieurs kilomètres carrés de milieu humide, l'an dernier, pour la construction de l'Éco-campus Hubert Reeves, qui doit débuter en septembre.

Méthodes de construction

Pour répondre aux craintes du Ministère, CDPQ Infra envisage de modifier ses méthodes de construction, a confirmé son porte-parole, Jean-Vincent Lacroix. « Nous regardons des méthodes de construction dites "étanches" pour ne pas avoir à assécher quoi que ce soit et ne pas impacter les milieux humides pendant la construction », a-t-il expliqué hier. Des représentants de CDPQ Infra vont également rencontrer les fonctionnaires dans les prochaines semaines pour tenter de répondre à leurs préoccupations.

Couleuvre brune

Le REM pourrait engendrer des impacts « temporaires et/ou permanents » sur les habitats de reptiles et d'amphibiens. CDPQ Infra s'attend à ce que le projet entraîne la mort de nombreuses couleuvres brunes, appartenant à une espèce en péril. Pour limiter les impacts, on propose d'ériger une barrière autour des travaux et de déplacer les serpents qui se trouvent près du site. La Caisse s'engage aussi à « compenser la perte d'habitats par la création de nouveaux habitats pour la couleuvre brune, pouvant être utilisés par l'espèce, pendant et après les travaux ».

Petit blongios

Les documents rendus publics hier confirment que le REM va perturber l'habitat du petit blongios, une espèce menacée dont il ne reste que 1500 individus au Canada. La Presse avait révélé que plusieurs spécimens de cet oiseau, de la famille des hérons, ont été découverts dans les milieux humides du Technoparc. L'un des tracés envisagés par CDPQ Infra traverse ce secteur. C'est d'ailleurs précisément ce tronçon qui soulève les craintes du ministère de l'Environnement.

Gaz à effet de serre

La construction et l'exploitation du train électrique risquent de perturber la faune, mais sa mise en service permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). La Caisse s'attend à ce que des centaines de résidants de l'Ouest-de-l'Île délaissent leur voiture pour emprunter le train, si bien que ce tronçon entraînera une réduction de 12 000 à 15 000 tonnes de GES par an. Grâce au tronçon Rive-Sud, 2100 autobus cesseront de traverser le pont Champlain chaque jour. Cela devrait entraîner une réduction de 4125 tonnes de GES par an.

19 125 tonnes > Réduction estimée de GES grâce au REM (en équivalent CO2)

81 200 000 tonnes > Émissions de GES totales du Québec en 2013 (en équivalent CO2)

Réduction du bruit

La mise en service du REM va rendre certains quartiers moins bruyants. Le niveau sonore baissera au centre-ville, dans Pointe-Saint-Charles et à L'Île-des-Soeurs en raison de la baisse de la circulation des autobus, notamment ceux qui viennent de la Rive-Sud. Il y aura amélioration aussi pour les personnes qui habitent le long du train de banlieue de la ligne Deux-Montagnes. Les trains lourds qui y circulent en ce moment seront remplacés par des trains électriques légers, donc plus silencieux.