Le nombre de logements insalubres visités par des inspecteurs municipaux a dramatiquement diminué entre 2014 et 2015 à Montréal, passant de 1589 à 592. Cette baisse est due à un suivi « intense » et « soutenu » auprès des propriétaires pincés en 2015, précise l'administration Coderre.

« On n'est pas dans une course d'inspections. L'objectif c'est d'apporter des correctifs, d'aller au fond des choses et d'aller à la source du problème », affirme Russel Copeman, maire de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et responsable du dossier de l'habitation au sein de l'administration Coderre.

Ce dernier appuie son propos en donnant l'exemple des moisissures. « On peut facilement inspecter un certain nombre de logements, constater la présence de moisissures et exiger un correctif. Le propriétaire met une couche de peinture. Ça l'air propre, mais on sait que ce n'est pas la solution. Des fois, il faut ouvrir les murs, utiliser nos équipements. Ça prend des mois et des mois à intervenir. On apporte une approche beaucoup plus rigoureuse. »

Marianne Cloutier, chef de division amélioration de l'habitat à la Direction de l'habitation souligne toutefois que le rythme des inspections a « repris son rythme » cette année. Déjà, 400 inspections ont été réalisées depuis janvier.

La Ville de Montréal a dévoilé aujourd'hui le bilan de la deuxième année de son plan d'action de lutte à l'insalubrité des logements 2014-2017.

À ce jour, 144 bâtiments et 2058 logements ont été inspectés. Les inspecteurs ont reçu 62 « mandats moisissures », qui se sont transformés en visite de 422 logements.

Depuis 2014, 196 constats d'infraction ont été délivrés pour une valeur de 313 500$. La plupart de cet argent n'est pas encore dans les coffres de la Ville puisque 135 constats associés à des amendes des 272 400$ sont présentement contestés devant les tribunaux. Par ailleurs, 22 constats d'une valeur de 15 000$ se sont conclus par des ententes en Cour qui forçant les propriétaires à réaliser les travaux.

L'an dernier, le nombre moyen d'infractions par logement était de 10,7. En moyenne l'an dernier, 82% des 82 711 « non-conformités » avaient été corrigées par les propriétaires.

De «beaux discours»

Le porte-parole de l'Opposition officielle en matière de logement et conseiller du Mile-End, Richard Ryan, a reproché à l'administration Coderre de préférer les « beaux discours aux actions concrètes » et a reproché au maire Copeman d'avoir baissé les bras, alors qu' «un ménage sur trois» est aux prises avec des problèmes de salubrité.

« En 2015, lors du premier bilan du Plan d'action de lutte à l'insalubrité des logements, Russell Copeman avait déclaré qu'une augmentation des amendes minimales et maximales s'imposait pour lutter plus efficacement contre l'insalubrité. Or, le bilan publié aujourd'hui prouve que les amendes ne sont absolument pas la solution. Les problèmes de salubrité persistent et la Ville n'obtient pas l'argent des amendes qu'elle distribue aux propriétaires fautifs », a-t-il déclaré.

« Nous l'avons toujours dit : les amendes ne sont pas la solution. Ce qui est nécessaire, c'est davantage de personnel sur le terrain pour faire plus d'inspections et les suivis requis », a ajouté M. Ryan.