Les employés retraités de la Ville de Montréal ne verront plus leur rente indexée à partir de 2017. La métropole dit que cette décision lui fera économiser des dizaines de millions par année, mais les syndicats craignent l'impact à long terme sur leurs membres.

La nouvelle Loi sur le partage des régimes de retraite du secteur municipal autorise les villes qui le souhaitent à mettre fin à l'indexation des rentes de leurs retraités à partir du 1er janvier prochain. La métropole a décidé de se prévaloir de ce nouveau pouvoir, décision qui sera officiellement entérinée ce soir lors du conseil d'agglomération, qui réunit Montréal et ses villes liées.

La majorité des retraités de la métropole avait droit à une indexation de 1 % par an depuis quelques années. Celle-ci servait à contrer en partie l'inflation, qui avait pour effet de réduire au fil du temps le pouvoir d'achat des retraités.

Montréal évalue que la fin de l'indexation lui permettra de réduire de 190 millions, soit le quart (26 %), les déficits associés aux retraités. Seulement en 2017, Montréal prévoit économiser 39 millions dans son budget. Cette somme devrait graduellement diminuer pour représenter une économie annuelle de 24 millions à partir de 2024.

INDIGNATION

Même si elle s'attendait à cette décision, l'Association des employés retraités de la Ville de Montréal s'indigne de voir disparaître la maigre indexation à laquelle ses membres avaient droit. « Depuis 15-20 ans, la fameuse rente que tout le monde croit chromée n'a pratiquement pas augmenté. Et comme le coût de la vie a augmenté chaque année de 2 %, ça représente de 20 à 30 % de moins », résume Jean Des Trois Maisons, président de l'Association.

« Les gens pensent qu'on a une retraite à 50 000 ou 60 000 $ par année, mais la moyenne, c'est plutôt environ 30 000 $. Et les plus vieux touchent souvent à peine 21 000 $ », poursuit M. Des Trois Maisons.

Le Syndicat des cols blancs non plus n'a pas été surpris d'apprendre que Montréal comptait mettre fin à l'indexation. « On ne s'attendait pas à des miracles. Ça va dans le sens de ce qu'ils font depuis la loi 15 », se désole leur président, Alain Fugère.

Les cols blancs s'inquiètent pour leur pouvoir d'achat à long terme si leurs rentes ne sont pas indexées. « Quand le prix de la pinte de lait augmente, ou que le prix du gaz augmente de 10 cents du jour au lendemain, c'est sûr que ça fait une différence. Ce n'est pas pour rien que des retraités retournent sur le marché du travail pour trouver une jobine. Quand on dit que les syndiqués sont gras dur, ce n'est pas la réalité », dit Alain Fugère.