Une étude sur les déplacements au centre-ville de Montréal démontre que la sécurité y est « préoccupante ». Et alors que l'administration Coderre souhaite miser sur les transports en commun pour désengorger le secteur, les auteurs notent que les lignes de métro connaissent une importante saturation et que les embouteillages ralentissent les autobus.

Des secteurs à risque élevé

L'arrondissement de Ville-Marie élabore depuis 2015 son tout premier plan local de déplacements. Un portrait diagnostique commandé dans le cadre de cet exercice note que « la sécurité des déplacements est préoccupante ». De nombreux secteurs présentent un risque élevé pour les usagers de la route, qu'ils soient en voiture, à vélo ou à pied. L'étude se penche tout particulièrement sur les grandes artères traversant le centre-ville, à proximité des édicules de métro, près du pont Jacques-Cartier ainsi que sur les accès à l'autoroute Ville-Marie. « Les forts débits de circulation, la vitesse des véhicules, la qualité des aménagements et des infrastructures (piétonnes et cyclables) ainsi que les comportements des usagers de la route sont entre autres parmi les principales causes des problèmes de sécurité », peut-on lire.

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Nombre de collisions par intersection (2012-2014)

76%

Les trois quarts des accidents se déroulent aux intersections, contre 18 % sur les tronçons de rue. Les accidents de vélo se concentrent le long de la rue Sherbrooke et là où convergent la rue Ontario et le boulevard De Maisonneuve, dans le Quartier des spectacles. Ils viennent souligner les problèmes liés à l'absence de piste cyclable est-ouest.

Les piétons, premières victimes

Les piétons sont les premiers à faire les frais des problèmes de déplacement, révèle l'étude. Pas moins de deux victimes d'accidents graves ou mortels sur cinq se déplaçaient à pied. Et ce, alors que les piétons sont impliqués dans à peine 6 % des collisions dans Ville-Marie. Un délit de fuite mortel est tristement venu rappeler cette réalité mercredi. Le SPVM est d'ailleurs toujours à la recherche du conducteur du camion ayant heurté un homme qui tentait de traverser la rue Saint-Urbain.

Accidents graves ou mortels

• Véhicules-piétons : 39 %

• Véhicules-véhicules : 31 %

• Véhicules-cyclistes : 21 %

• Véhicules seuls : 9 %

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Nombre d'accidents graves ou mortels (2012-2014)

Attention aux heures de pointe des vendredis d'automne

Vendredi

Journée de la semaine où surviennent le plus grand nombre d'accidents, tant chez les automobilistes que chez les cyclistes et les piétons

Automne

Plus du tiers des accidents impliquant des piétons surviennent entre octobre et décembre. Sans surprise, les cyclistes sont plus à risque de juin à septembre. Pour les automobilistes, le nombre d'accidents est constant, peu importe la période de l'année.

Heure de pointe

Les accidents dans le centre-ville surviennent principalement durant les heures de pointe, tout particulièrement celle de l'après-midi. L'étude note qu'une importante partie des collisions avec des piétons surviennent le soir entre 19 h et 21 h. « Le niveau de clarté et de visibilité est en cause. »

À pied pour se déplacer dans le centre-ville

2/3

Les deux tiers des gens se rendant au centre-ville en utilisant les transports en commun. L'automobile représente quant à elle 28 % des déplacements en direction de Ville-Marie, le reste étant fait à pied (5 %) ou à vélo (3 %).

40 %

Pour se déplacer à l'intérieur du centre-ville, les gens misent principalement sur la marche. Pas moins de 40 % de ces déplacements sont effectués à pied. Les transports en commun représentent seulement le quart des déplacements, l'étude notant que la desserte n'est pas optimale pour favoriser les déplacements à l'intérieur du centre-ville.

Transports en commun saturés

Alors que l'administration Coderre dit vouloir miser sur les transports en commun pour désengorger le centre-ville, l'étude démontre que ceux-ci montrent d'importants signes de saturation lors des heures de pointe. La ligne orange est bondée entre les stations Bonaventure et Mont-Royal. Même chose pour la ligne verte entre McGill et Berri-UQAM. Le Terminus Centre-ville ainsi que la ligne de train Deux-Montagnes sont eux aussi saturés. Forte de ces constats, l'étude estime qu'il y a un « potentiel important justifiant l'augmentation de la capacité des transports collectifs vers le nord et l'est de l'arrondissement ». Miser sur l'autobus ne semble pas prometteur, puisque l'étude démontre que « la congestion routière et les travaux compromettent la performance de certaines lignes d'autobus ».