À l'heure où un nombre record de chantiers sont en cours au centre-ville, l'administration Coderre présentera aujourd'hui une stratégie pour soutenir le développement du coeur de Montréal pour les 15 prochaines années.

La stratégie pour le centre-ville est l'aboutissement d'un an et demi de travail à la Ville de Montréal. Ce chantier avait été lancé à l'automne 2014 quand le maire Denis Coderre avait recruté son ancien rival, l'ex-chef de Projet Montréal Richard Bergeron, pour mettre en place une vision d'avenir pour ce secteur de la ville. « Une métropole se doit d'avoir un centre-ville dynamique et prospère, et nous pourrons compter sur la détermination de Richard [Bergeron] afin que le coeur de la métropole soit à la hauteur de nos aspirations », avait-il déclaré.

Depuis, un bureau du centre-ville a été mis en place en 2015. En août dernier, une vaste étude a été commandée à la firme BC2 pour alimenter cette réflexion. Montréal disait ainsi vouloir « créer un centre-ville attrayant, animé et dynamique, où il fait bon vivre, étudier et se divertir ».

La Ville de Montréal a ciblé trois lacunes principales qu'elle souhaite corriger avec sa nouvelle stratégie. La métropole constate notamment un manque de coordination dans le développement du centre-ville. Plusieurs projets d'aménagement ont été élaborés, mais ceux-ci ont été développés à la pièce, sans vision d'ensemble. On souligne que Montréal, Québec et Ottawa ne coordonnent pas leurs investissements.

Autre problème, pas moins du quart de toutes les taxes prélevées à Montréal proviennent de Ville-Marie, mais « l'offre de services au centre-ville [n'est] pas conséquent[e] par rapport à l'importance fiscale et économique du centre-ville ». Soulignons qu'après un long déclin, la population de Ville-Marie connaît une croissance soutenue depuis 25 ans et frôle maintenant les 90 000 personnes.

Enfin, le coeur de la métropole a un sérieux problème d'accès, comme en témoignent les importants bouchons de circulation qui ne se limitent pas aux heures de pointe. La Ville espère maintenant « miser sur des mesures appropriées de transport collectif et actif » pour en faciliter l'accès.

Pour corriger ce problème d'accès, Ville-Marie travaille d'ailleurs depuis 2015 sur un Plan local de déplacement. Un portrait diagnostique a été présenté aux citoyens du secteur en mars, mais l'arrondissement refuse depuis un mois de le communiquer à La Presse. On indique qu'il s'agit simplement d'un « document de travail » qui a été présenté publiquement et qu'on attend la version finale.

Un comité de travail s'était penché en 2014 et avait constaté d'importantes lacunes dans la sécurité des transports actifs. « Il y a de nombreux accidents impliquant des piétons ou cyclistes happés par des automobiles sur une base quasi quotidienne », soulignait ce groupe. On recommandait d'augmenter le nombre de pistes cyclables, principalement dans l'axe est-ouest, et d'élargir les trottoirs. Autre suggestion, le comité proposait de réduire le nombre d'autobus en provenance de l'extérieur de l'île ainsi que de poids lourds.

Les transports actifs étant un thème important dans la stratégie du centre-ville, le Conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal espère pour sa part que Ville-Marie augmentera le nombre d'espaces pour garer les vélos. Trouver un support étant souvent difficile dans ce secteur de l'île, nombre de cyclistes attachent leur monture au tronc des arbres. Cette pratique endommage toutefois les arbres. Le CRE rapporte d'ailleurs que les arbres de la rue Sainte-Catherine ont une espérance de vie de seulement trois ans et demi. « Ce n'est pas normal », dit Félix Gravel, responsable en aménagement du territoire.

En augmentant le nombre de supports, Montréal atteindrait un double objectif, soit encourager les transports actifs et protéger ses arbres.