Le maire Denis Coderre s'attend à ce que Québec respecte son engagement de permettre aux municipalités de décréter les conditions de travail de leurs employés si les négociations achoppent.

« Les municipalités ont signé un pacte fiscal et on s'attend à ce qu'il soit respecté », a-t-il déclaré ce matin en réaction à un article de La Presse révélant que Québec n'avait plus l'intention d'accorder ce pouvoir aux villes.

En 2015, les villes québécoises ont accepté d'encaisser 1,2 milliard de compressions sur quatre ans, en échange du pouvoir d'imposer les conditions de travail s'ils ne parvenaient pas à s'entendre après le processus de négociation.

Selon Marc Ranger, directeur adjoint du Syndicat canadien de la fonction publique, le nouveau ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, a clairement dit lors de réunions privées qu'il ne voulait pas donner le pouvoir de décréter.

« Montréal a beaucoup donné, a posé des gestes, a fait une contribution majeure, pas seulement dans le pacte, mais pour s'assurer d'en avoir un », a dit le maire Coderre ce matin, lors d'une séance avec son comité exécutif. « Concernant la question des conditions de travail, pour nous c'est important qu'on puisse avoir cette capacité et on attend avec beaucoup d'impatience le projet de loi qui va nous permettre d'assumer notre autonomie », a-t-il ajouté.

La question risque d'être à l'avant-scène au cours des prochains jours, car le maire Coderre partira cet après-midi pour Québec pour assister aux assises de l'Union de municipalités du Québec (UMQ), la rencontre annuelle des maires de la province.

L'opposition accuse Couillard de briser une promesse

Il n'y a pas que Coderre qui a réagi à l'article de La Presse. Les partis de l'opposition accusent le gouvernement de Philippe Couillard d'avoir brisé une promesse faite aux municipalités.

Le chef caquiste François Legault a soutenu que le gouvernement veut reculer sur son engagement, inclus dans le dernier pacte fiscal, pour donner aux municipalités le pouvoir de décréter des conditions de travail.

En septembre dernier, le premier ministre Philippe Couillard avait déclaré que le pacte fiscal de 3,2 milliards $, conclu avec les municipalités, fera « sauter un verrou » qui déséquilibrait le rapport de force en faveur de leurs employés depuis trop longtemps.

Selon M. Couillard, la proposition du gouvernement devait contribuer à mieux contrôler les demandes des employés municipaux, dont les conditions de travail constituent une part importante des dépenses des municipalités.

Le chef intérimaire péquiste Sylvain Gaudreault a soutenu que le gouvernement avait laissé miroiter des choses impossibles aux municipalités.

Selon M. Gaudreault, le gouvernement a réussi à mettre les syndicats et les municipalités contre lui avec cette stratégie.

« Il rompt sa promesse, il rompt les engagements qu'il avait pris et tout le monde est contre le gouvernement », a-t-il dit.

M. Gaudreault a affirmé que les municipalités avaient accepté des compressions dans leurs transferts en échange d'un pouvoir de régler les différends lors des négociations avec leurs employés.

« C'est irresponsable d'avoir travaillé comme le gouvernement l'a fait en disant: "Signez ici en bas du pacte fiscal, sur cinq ans, ça équivaut à 1 milliard $ de moins pour les municipalités et en échange on va vous donner le pouvoir de décréter" », a-t-il dit.

- Avec Alexandre Robillard, de la PC