Le tragique accident d'un garçon de 6 ans percuté par une camionnette pousse l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal à sécuriser l'ensemble de ses ruelles. Des dos-d'âne ainsi que des obstacles seront ajoutés à plus de 750 endroits pour forcer les véhicules à ralentir.

Dimanche, un garçon de six ans circulait à vélo sur un trottoir de l'arrondissement du Sud-Ouest lorsqu'il a été percuté par une camionnette qui sortait d'une ruelle. Aux dernières nouvelles, le petit se trouvait toujours dans le coma à l'hôpital, où son état est jugé critique. Le SPVM indique poursuivre son enquête sur la cause de cet accident et déterminera si des accusations pourraient être déposées.

« Cet accident a bouleversé tout le monde », dit la conseillère Marianne Giguère, dont le coeur a souvent arrêté de battre quand elle voyait des enfants traverser rapidement une ruelle.

Pour éviter un tel drame sur leur territoire, les élus du Plateau ont dit vouloir agir. Au cours des deux prochaines années, 750 sorties de ruelles seront ainsi sécurisées par l'ajout de dos d'âne. Le Plateau veut également doubler le nombre de sorties de ruelles fermées par des bacs (pour en compter 40) et par des petits jardins (l'arrondissement en comptera à terme 30). À noter, les résidents pourront continuer à circuler dans les ruelles, mais il deviendra ainsi plus difficile pour les automobilistes de prendre ces voies pour éviter les bouchons.

Des « dos d'âne himalayens »

« Il ne sera plus possible pour une voiture de surgir et d'arriver rapidement sur le trottoir », a résumé Luc Ferrandez, maire du Plateau. L'idée est en effet de forcer les véhicules de rouler à 10 km/h à la sortie des ruelles.

Même les ruelles situées derrière les commerces et qui ne faisaient pas traditionnellement l'objet de telles interventions seront sécurisées. « On va mettre des dos-d'âne dans les ruelles commerciales parce qu'un camion peut surgir de là autant que de n'importe quelle autre ruelle », a dit M. Ferrandez.

Le maire du Plateau n'écarte pas l'idée d'ajouter des miroirs à la sortie des ruelles particulièrement étroites, mais estime que l'efficacité de cette mesure est moindre.

Quant aux camionnettes qui peuvent enjamber les obstacles comme ceux que le Plateau entend implanter, Luc Ferrandez prévient qu'il misera sur des « dos d'âne himalayens » pour les forcer à ralentir.

L'élu assure qu'il ne veut pas diaboliser les automobilistes. « Les conducteurs ne veulent pas frapper d'enfants. Quand on leur fait comprendre qu'ils sont dans un milieu de vie par l'aménagement, ils sont contents de ralentir », dit Luc Ferrandez.

« On dit souvent qu'on veut garder les familles à Montréal et une des façons d'y arriver est de s'assurer que les milieux de vie soient sécuritaires. Il ne faut pas que les parents soient toujours préoccupés qu'une auto puisse déboucher par surprise d'une ruelle », a indiqué la conseillère d'arrondissement du district de Lorimier, Marianne Giguère.

Projet Montréal espère voir les autres arrondissements la suivre dans la sécurisation des ruelles, notamment dans le Sud-Ouest où est survenu dimanche l'accident du jeune garçon de 6 ans. Le maire de cet arrondissment, Benoît Dorais, indique avoir déjà demandé un inventaire des ruelles de son territoire pour décider quelles mesures appliquer. L'élu précise que plusieurs accès à ces voies ont été sécurisés ces dernières années, mais il souhaite voir si des améliorations peuvent être apportées. Il dit vouloir s'inspirer d'autres arrondissements qui ont rapproché les dos d'âne des rues pour que ceux-ci aient davantage d'impact. Il évaluera aussi la possibilité d'installer des miroirs à proximité des murs aveugles.

Vélo Québec applaudit la mesure du Plateau. « C'est une bonne idée parce que c'est un milieu de vie pour les enfants. Ils jouent là au soccer ou au hockey, ils apprennent à faire du vélo là, mais il ne faut pas empêcher aux gens d'accéder à la ruelle parce qu'ils l'utilisent. Comment concilie-t-on les deux ? En réduisant la vitesse et en décourageant les gens qui veulent utiliser les ruelles pour le transit », dit Suzanne Lareau, de Vélo Québec.

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal dénonce pour sa part la « pickupisation » des véhicules routiers. En effet, près d'un véhicule sur trois (31,3 %) immatriculé à Montréal en 2015 est un camion léger, selon les données de la SAAQ. Le nombre de ces véhicules a augmenté de 19 % depuis 5 ans sur l'île. Or, ceux-ci sont plus hauts sur roue et offrent une moins bonne visibilité, dénonce Félix Gravel, responsable des campagnes en transport pour le Conseil.