Caméras cassées à l'avance, clôture percée en vue d'une fuite, vêtements abandonnés: un groupuscule anti-embourgeoisement aurait planifié son attentat incendiaire au quart de tour, il y a 10 jours dans Hochelaga-Maisonneuve. Mais un appel au 911 l'a transformé en violente attaque contre des policiers.

C'est la thèse privilégiée par les enquêteurs chargés de faire la lumière sur la mystérieuse agression au cocktail Molotov survenue il y a 10 jours dans Hochelaga-Maisonneuve, a appris La Presse.

Pendant la soirée du 14 avril dernier, dans la rue Ontario, entre Moreau et Préfontaine, un groupe d'une vingtaine de personnes a lancé une attaque d'une rare violence contre les quatre voitures de police qui les suivaient sur quelques dizaines de mètres. Des engins incendiaires et des pièces pyrotechniques ont notamment été utilisés pour s'en prendre aux agents.

Un résidant du quartier a filmé le tout, avant de diffuser sa spectaculaire vidéo sous le titre «Hochelaga c'est Bagdad».

Le lendemain, le corps de police a lancé un appel aux témoins.

Indices

Selon nos informations, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a depuis retrouvé des indices qui lui laissent croire que l'attaque découlait en fait d'un attentat avorté contre un commerce local. Au centre de l'enquête: les groupuscules d'extrême gauche qui font des gestes de vandalisme anti-embourgeoisement dans Hochelaga-Maisonneuve.

«Ils ont été surpris par les policiers, a expliqué une source policière fiable. Ce qu'ils avaient comme arsenal, c'était pour incendier des commerces, et non s'en prendre aux policiers.»

Chose certaine, l'opération était bien préparée. Les enquêteurs du SPVM ont découvert une ouverture dans la clôture protégeant les installations ferroviaires situées tout près du lieu de l'affrontement. Le trou aurait été découpé avant la soirée fatidique, afin d'assurer un point de fuite.

Des caméras de surveillance ont été endommagées dans le même secteur afin de couvrir la fuite des militants. Ces derniers ont aussi abandonné sur place une couche de vêtements. Noirs.

Le service des communications du SPVM n'a pas voulu commenter l'évolution de l'enquête.

Un quartier ciblé?

Si la thèse des enquêteurs se confirmait, ce ne serait pas la première fois que des commerces d'Hochelaga-Maisonneuve sont ciblés par des militants anti-embourgeoisement.

En février dernier, la boutique Electrik Kids, le restaurant Les Affamés et le comptoir alimentaire Antidote ont subi du vandalisme: vitrines couvertes de peinture ou éclatées.

«On a pété les vitrines pis pitché de la peinture partout», se vantait le lendemain un tract retrouvé par Radio-Canada à la station de métro Préfontaine. «Fuck cet univers de consommateurs et de proprios voleurs! Fuck la police qui le[s] protège.»

Le document continuait avec un conseil à ceux qui seraient tentés d'imiter les attaques: il faut «une petite idée de par où on arrive, par où on part, des masques pis peut-être des vêtements qu'on peut jeter».

Des restaurants avaient aussi été ciblés en 2013, ce qui avait mené à une sortie publique des élus du quartier.

- Avec Vincent Larouche, La Presse