La Ville de Montréal estime que les salaires qu'elle verse actuellement aux ingénieurs rendent difficiles l'embauche et la rétention de professionnels.

Dans un courriel obtenu par La Presse, émanant du service des ressources humaines, on note qu'il s'agit d'une « problématique » surtout en considération des hausses salariales accordées depuis cinq ans à d'autres groupes d'employés, incluant les cadres. « Les offres de rémunération que nous proposons aux candidats sont loin d'être attrayantes, notamment lorsque les postes sont temporaires », souligne-t-on.

La fonctionnaire qui expose la situation en 2015 donne quelques exemples des irritants rencontrés. Ainsi, elle explique que dans certains champs de pratique où les exigences sont très élevées, comme les ouvrages d'art (un pont d'étagement, par exemple), la difficulté d'intéresser des candidats externes est encore plus importante. Elle relate d'ailleurs le commentaire d'un chef de division, selon qui «  [l]'échelle de rémunération [de la Ville] pour cet emploi serait, à son avis, en deçà de ce qui est offert sur le marché aux ingénieurs ayant cette expertise ».

Concrètement, la Ville de Montréal reçoit peu de candidatures, ou lorsqu'elle en reçoit, il y a plusieurs refus de gens retenus à cause du salaire proposé.

Le problème contourné

Au cours des dernières années, la Ville a contourné le problème en offrant des salaires en dérogation à la convention collective du Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive, qui représente, outre les ingénieurs, les chimistes, arpenteurs-géomètres et médecins-vétérinaires. Le courriel mentionne un cas pour lequel les ressources humaines ont demandé et obtenu le maximum de l'échelle salariale pour le candidat retenu à la suite d'un concours. « Pour deux raisons : 1) parce que son salaire actuel était supérieur à 95 % du maximum de l'échelle salariale et 2) parce que ce candidat était déjà familier avec les pratiques en vigueur. »

La signataire du courriel ajoute une remarque dans l'hypothèse d'une augmentation annuelle de 2 % : « Si l'échelle salariale était au niveau de 2015, aucune demande de dérogation n'aurait été requise. »

Les échelles salariales des ingénieurs en vigueur sont celles qui prévalent depuis 2010. La question est au coeur des négociations qui s'étirent depuis cette date ; les parties sont engagées dans une démarche de conciliation. Mais il y a deux semaines, le syndicat a obtenu un appui massif de 92 % de ses membres pour un mandat de grève générale illimitée à appliquer au moment jugé opportun.

La Ville de Montréal n'a pas voulu commenter les enjeux salariaux. On a toutefois affirmé à La Presse par courriel que « la Ville de Montréal demeure parfaitement concurrentielle car son taux d'attraction et de rétention est très bon ». « Nous sommes convaincus qu'au renouvellement de la convention collective des ingénieurs, ces taux seront encore meilleurs », a-t-on indiqué.