Lorsque des vandales ont saccagé les vitrines de commerces et du poste de quartier hier soir à Montréal-Nord, par «choix stratégique», les policiers ont décidé de ne pas intervenir.

«Les casseurs voulaient provoquer la police, si on était intervenus tout de suite, on serait entrés dans leur jeu», a déclaré en point de presse ce matin Anie Samson, l'élue responsable de la sécurité publique à Montréal-Nord.

Cette dernière a indiqué que la «sécurité des citoyens» avait primé hier soir sur celle des biens matériels.

À partir de 21h15, des trouble-fête ont incendié une poignée de voitures et fracassé des vitrines de commerces en plus d'asperger de peinture celles du poste de quartier 39. Ces événements sont survenus après deux manifestations qui se sont déroulées dans le calme: l'une pour souligner l'anniversaire de Freddy Villanueva, qui aurait eu 26 ans hier, et l'autre pour souligner la mort récente de Jean-Pierre Bony. Tous deux sont décédés à la suite d'interventions policières.

Mme Samson a martelé que les «casseurs» ne provenaient pas de Montréal-Nord. «Ce qu'on a comme information de la police c'est qu'ils n'étaient pas partie intégrante des deux manifestations», a-t-elle assuré.

Des gens associés au Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) auraient été reconnus parmi la foule de casseurs, a indiqué Mme Samson.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé qu'elle avait en effet choisi la voie de la non-confrontation hier soir.

«Il y a eu de faux appels au 911 et des incendies dans différents lieux pour attirer les policiers. On s'est rendu compte qui voulaient s'en prendre aux policiers, alors on a déterminé qu'il serait mieux d'attendre», a expliqué Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM.

Les policiers sont toutefois intervenus sur les lieux des incendies pour sécuriser les lieux afin de permettre aux pompiers d'éteindre les brasiers, a-t-il précisé.

L'opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal a aussi dénoncé les gestes violents et les méfaits de mercredi soir, et demande une «mobilisation» des élus.  La candidate au poste de maire de l'arrondissement, Kerlande Mibel, estime que Montréal-Nord a besoin de «leadership et d'élus qui peuvent se lever et agir en amont pour éviter que de telles situations se produisent».

«Montréal-Nord mérite mieux, dit-elle. N'avons-nous pas appris des leçons de l'affaire Fredy Villanueva? À la suite de ces événements, une longue enquête s'est déroulée et des recommandations claires, structurantes, ont été émises, rappelle-t-elle. Trois ans après le dépôt du rapport, ces recommandations tardent à être mises en oeuvre. C'est inacceptable.»

- Avec Sara Champagne