Une employée congédiée à deux reprises par l'administration Coderre devra être réintégrée dans ses fonctions.

Le Tribunal administratif du travail (TAT) a tranché que le comité exécutif n'avait pas le droit de congédier la directrice d'arrondissement de L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève et que ce pouvoir relève plutôt du conseil municipal. La Ville de Montréal entend contester cette décision devant la Cour supérieure.

Nancy Bergeron a été destituée le 26 août 2015 par les élus du comité exécutif de la Ville de Montréal après une enquête sur des allégations de harcèlement au travail.

Avec l'appui du maire d'arrondissement Normand Marinacci, elle a rapidement contesté cette décision, estimant que seul un arrondissement pouvait mettre fin à son emploi.

Pour éviter d'avoir à la réintégrer si elle obtenait gain de cause devant les tribunaux, l'administration Coderre a officiellement demandé au conseil municipal le pouvoir de destituer un directeur d'arrondissement. Dès le lendemain du vote qui lui a consenti ce pouvoir, le 28 octobre 2015, le comité exécutif a aussitôt adopté une résolution pour congédier de nouveau Mme Bergeron.

« On est très contents du jugement, elle a eu un traitement complètement injuste, on a terni sa réputation », a indiqué hier le maire Marinacci lors d'une entrevue avec La Presse. Ce dernier estime que l'administration Coderre a fait preuve d'acharnement dans le dossier.

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Le maire de l'arrondissement L'Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Normand Marinacci 

RETOUR SUR LE CONFLIT

C'est à la suite d'une enquête menée par le contrôleur général de la Ville de Montréal sur des allégations de harcèlement à l'endroit d'employés que l'administration Coderre a décidé de congédier Mme Bergeron au mois d'août dernier.

L'enquête a été ouverte à la suite d'une plainte du syndicat des cols blancs qui dénonçait « l'existence d'un environnement néfaste » blâmant la directrice pour « ses paroles, ses gestes, ses comportements hostiles et non désirés portant ainsi atteinte à la dignité et à l'intégrité des employés, des conduites vexatoires ».

Le maire Marinacci affirme qu'il a mené sa propre enquête et que ces faits ne se sont pas avérés. Il estime que le mécontentement de certains employés de l'arrondissement découle de sa décision de cesser de payer des frais fictifs de déplacement à trois contremaîtres.

En 2011, l'arrondissement de Montréal a cessé de fournir des camionnettes à ces trois employés lors de leurs périodes de garde. En contrepartie, la direction de l'arrondissement avait proposé de leur rembourser des frais de déplacement fictifs de 39 km par jour de garde.

Le maire Marinacci estime que cette pratique mise en place sous l'administration de son prédécesseur était frauduleuse. Les trois employés ont donc été contraints de rembourser l'équivalent d'un an de factures fictives.

M. Marinacci pense que Nancy Bergeron a été instrumentalisée dans ce conflit.

L'administration Coderre n'a pas souhaité commenter le dossier.