L'administration Coderre ne suspendra pas un contrat de SNC-Lavalin que le Bureau de l'inspecteur général (BIG) avait jugé problématique, estimant «suffisantes» les explications de la firme de génie. Reconnaissant qu'elle doit améliorer l'encadrement des travaux confiés au privé, Montréal écarte toutefois l'idée de recourir davantage à ses propres ingénieurs pour les surveiller.

La Ville de Montréal a lancé en 2015 un nouveau programme pour refaire la surface de certaines chaussées et ainsi en prolonger la durée de vie, un programme entièrement confié au privé. Le 22 septembre, le BIG suspendait toutefois un contrat de 3,5 millions après avoir découvert ce qu'il considérait comme des lacunes majeures dans le repavage de rues de Montréal-Nord et d'Anjou.

Le groupe d'élus chargé d'analyser les travaux de l'inspecteur général en était venu à recommander de suspendre le contrat de la firme de génie SNC-Lavalin qui était embauchée pour surveiller ces travaux jugés problématiques.

L'administration Coderre rejette toutefois cette demande ainsi que l'idée d'intenter un recours contre l'entrepreneur ayant réalisé les travaux, Demis, et la firme de génie. «Les réponses fournies par SNC-Lavalin quant à leur démarche et leur gestion des travaux sont à notre avis suffisantes pour ainsi donner l'assurance à la Ville que les conditions sont en place afin d'assurer la bonne exécution des travaux, et nous ne voyons pas la nécessité de suspendre le contrat de la firme», peut-on lire dans la réponse qui sera présentée aux élus la semaine prochaine.

Rappelons que SNC-Lavalin avait vivement contesté les conclusions du BIG. «Une seule visite de chantier à un moment précis, alors que notre surveillance vise des situations évolutives pour des travaux s'échelonnant parfois sur plusieurs semaines [...] ne peut être suffisante pour porter un jugement complet sur la qualité et la conformité des services de surveillance de SNC-Lavalin», avait répliqué l'entreprise.

Montréal continuera d'aller au privé

Dans sa réponse au rapport du groupe d'élus, l'administration Coderre indique également qu'elle n'a pas l'intention de recourir davantage à ses ressources internes pour effectuer ce type de travaux. «[La Ville de Montréal] se doit d'ajuster son modèle d'affaires afin de répondre au besoin grandissant d'investissements dans les infrastructures», peut-on lire.

La métropole augmente d'année en année la cadence de réalisation de ses travaux d'infrastructures en raison du délabrement avancé de ses rues, aqueducs et égouts. «Le réseau routier de la Ville de Montréal montre un important déficit au niveau des chaussées. La présence de défauts de surface et plus particulièrement la prolifération des nids-de-poule en période hivernale constituent une source d'irritation constante des usagers de la route.» Pour rattraper le retard, l'administration Coderre estime qu'elle doit continuer à avoir recours au privé pour rattraper le retard dans l'entretien de ses infrastructures.

L'administration Coderre reconnaît toutefois que Montréal doit améliorer son encadrement et les vérifications effectuées lors de ce type de contrats. «Il faut souligner que la première année de réalisation a toutefois démontré que le niveau d'encadrement des firmes est à bonifier, de même que la fréquence des audits techniques et administratifs réalisés sur ce type de contrat», reconnaît-on. Trois personnes seront embauchées pour ce faire.