Talonné sur l'embauche d'un consultant à 1800 $ par jour pour coordonner l'accueil des réfugiés syriens, le maire Denis Coderre a demandé à Québec de confier à Montréal les pouvoirs nécessaires pour assurer l'intégration des immigrants.

Quelques jours après l'arrivée à Montréal des premiers réfugiés syriens ans le cadre de l'opération fédérale, les élus montréalais ont continué à débattre l'embauche pour trois mois de Michel Dorais.

Plutôt que payer un consultant, la conseillère d'opposition Valérie Plante a demandé pourquoi la Ville de Montréal ne s'inspirait pas de Toronto, qui peut compter sur les services de quatre employés responsables de cette même coordination. La Presse écrivait vendredi que leur bureau permanent est doté d'un budget 450 000 $ par an, soit 1800 $ par jour.

Le maire a jugé que comparer les coûts pour l'embauche de Michel Dorais à la facture du Bureau des nouveaux arrivants de Toronto représente «une règle de trois un peu boiteuse». Si Toronto dispose d'une telle expertise, c'est que l'Ontario lui a dévolu ces pouvoirs. «Contrairement à Toronto, il y a une dévolution de pouvoirs, de ressources. Tout ce qui touche l'intégration passe par les villes. À Montréal, on n'a pas cette expertise.»

Denis Coderre en a profité pour dire qu'il réclamait justement ce pouvoir dans le cadre des négociations sur le statut de la métropole, cette loi devant être présentée en février afin d'étendre les pouvoirs et responsabilités de Montréal. «Si on veut s'inspirer de Toronto, le gouvernement du Québec pourra dans le statut de métropole redonner l'ensemble des pouvoirs», a plaidé le maire.

Montréal a beau recevoir 80 % des immigrants année après année, la Ville a perdu il y a près de 20 ans la responsabilité de les intégrer. «Depuis les Kosovars en 1999, il n'y a pas cette expertise. C'est pour cette raison que j'ai appelé un collaborateur de tous les instants qui était là avant et après les événements du 11 septembre, qui a été là pour mettre en place l'ensemble de la stratégie pour la réception des Kosovars. À 183 $ de l'heure, il y en a que ça choque, mais avec tout le travail qu'il fait, les gens sur le terrain sont heureux», a assuré Denis Coderre.

Valérie Plante estime toutefois que cette embauche représente un camouflet pour les fonctionnaires qui doivent y voir un désaveu du maire pour leur compétence. Les Montréalais aussi reçoivent mal cette décision, a ajouté l'élue. «Je me demande quel message on envoie à la population qui va payer. On parle d'austérité jour après jour, mais là on paye un expert à ce montant», s'est-elle désolée.

Plus tôt durant le conseil municipal, Projet Montréal a également déploré le manque de transparence de la Ville dans le cadre des négociations sur le statut de métropole. La Ville n'a jamais rendu publics ses objectifs et demandes. Le maire dit que l'opposition pourra s'exprimer en commission parlementaire lorsque la loi sera étudiée.