Le rythme de travail effréné de celui que certains surnomment «l'omnimaire», Denis Coderre, a un coût pour la Ville. Devant l'explosion des heures supplémentaires de ses chauffeurs, la métropole a décidé d'embaucher une nouvelle personne pour le conduire et de plus que doubler le budget lié aux déplacements des principaux élus.

Lors de l'étude du budget de Montréal, hier, le service de la gestion et de la planification immobilière a confirmé la création d'un «poste de chauffeur» dont la tâche sera de conduire le maire. Le document précise que ce poste entraînera une dépense de 200 000$.

Controverse

Cette information a rapidement soulevé la controverse, notamment parce que ce montant est supérieur au salaire du maire. Denis Coderre reçoit en effet une rémunération annuelle de près de 179 000$, ce qui comprend son allocation de dépenses.

La Ville de Montréal a rapidement tenté de corriger le tir: non, le nouveau chauffeur du maire ne gagnera pas 200 000$ par année. Son salaire sera plutôt de 53 000$, plus 30% d'avantages sociaux (soit 15 900$).

Le directeur de ce service, Jacques Ulysse, indique que le budget pour toute l'équipe de chauffeurs réservés pour les déplacements des membres de l'administration Coderre est passé de 140 000$ à 340 000$.

«La venue du maire et de son horaire, disons, atypique, a fait en sorte qu'on avait besoin de l'équivalent de deux autres chauffeurs», a expliqué M. Ulysse. Depuis l'arrivée à la mairie de Denis Coderre, le budget de 140 000$ pour les trois chauffeurs affectés aux déplacements des membres du comité exécutif s'est avéré insuffisant. Avec leurs heures supplémentaires, ceux-ci coûtaient plutôt 300 000$ par an.

Loin d'avoir un horaire de 9 à 5, Denis Coderre peut travailler jusqu'à 20 heures par jour - selon sa propre évaluation -, et ce, sept jours par semaine. «Comme il demande une disponibilité de 7 jours sur 7 et en moyenne de 12 à 14 heures, ça entraînait beaucoup d'heures supplémentaires», poursuit M. Ulysse. D'où la demande du cabinet du maire d'embaucher un nouveau chauffeur qui accepte un horaire plus flexible.

De la France où il assiste à la conférence de Paris, Denis Coderre a commenté la controverse en déclarant sur les réseaux sociaux: «Si mon chauffeur est payé 200 000$ par an, je veux conduire le maire moi-même. Ça tombe bien, je travaille 20 heures par jour, 7 jours sur 7... Franchement...»

Contrairement au gouvernement du Québec, la Ville de Montréal ne dispose pas pour ses élus de constables spéciaux, agents qui suivent une formation similaire à celle des policiers. La métropole utilise plutôt des cols bleus pour assurer la sécurité de ses immeubles et de son personnel.

Tout de même scandaleux, dit l'opposition

L'embauche d'un nouveau chauffeur ne s'est pas faite sans heurts. Le syndicat des cols bleus a déposé un grief.

L'opposition a aussi dénoncé la création de ce poste, estimant que le maire aurait pu choisir un chauffeur dans le bassin d'employés cols bleus qui travaillent déjà pour la Ville de Montréal. «Il a décidé d'avoir un chauffeur particulier au lieu d'en prendre dans la banque de chauffeurs. Ce qu'il y a de scandaleux, c'est qu'on va continuer à payer les chauffeurs déjà là. Alors à cause de ses caprices, les Montréalais vont payer 200 000$ de plus», a dénoncé le conseiller Sylvain Ouellet.

«Le pouvoir monte à la tête de Denis Coderre, a-t-il poursuivi. La semaine dernière, c'était un responsable à 1800$ par jour. Là, c'est 200 000$ pour l'embauche d'un chauffeur. Qu'est-ce que ça va être la semaine prochaine?»