La grogne prend de l'ampleur chez les syndicats de la Ville de Montréal qui digèrent mal l'embauche à 1800$ par jour d'un responsable à l'accueil des réfugiés syriens alors que les compressions se multiplient.

Les 8000 cols blancs ont annoncé qu'ils tiendront une demi-journée de grève l'après-midi du 9 décembre. Ce débrayage n'est pas directement relié à l'embauche de Michel Dorais, celui-ci s'inscrivant plutôt dans le cadre du renouvellement de leur convention collective échue depuis 2012, mais les deux sont tout de même liés, dit le chef syndical, Alain Fugère.

«On ne fait pas une grève pour un consultant, mais ça va dans le sens de nos revendications. La Ville veut aller de plus en plus en sous-traitance. On nous dit toujours qu'il n'y a pas d'argent pour nous, mais on voit qu'il y a de l'argent pour les amis du parti parce qu'un chum c'est un chum», déplore Alain Fugère, président du syndicat des cols blancs.

Les syndiqués se rassembleront mercredi prochain au Palais des congrès en assemblée générale et sortiront ensuite manifester. Le syndicat préfère rester discret pour le moment sur ses «moyens d'action», mais les membres ont été invités à s'habiller chaudement.

Il faut dire qu'à quelques rues de là, l'ensemble des élus montréalais seront réunis au même moment à l'hôtel de ville pour adopter le budget 2016, qui prévoit d'importantes compressions dans les employés. L'exercice budgétaire prévoit l'abolition de 214 postes.

Cette demi-journée de grève se veut un avant-goût de ce qui attend la métropole l'année prochaine si les négociations ne progressent pas, prévient Alain Fugère. «Si le ton ne change pas aux tables de négociation, s'il n'y a pas abandon de demandes sur la sous-traitance, on s'en va vers un conflit majeur en 2016.»

Pompiers aussi protestent

Les pompiers aussi ont protesté contre l'embauche d'un consultant à 1800$ par jour. Le président de l'Association des pompiers, Ronald Martin a qualifié de «scandaleux, voire incestueux» l'embauche de Michel Dorais.

Le syndicat est d'autant plus outré que le budget 2016 prévoit l'abolition de 11 postes au Service de sécurité incendie de Montréal. L'Association comprend  mal ces compressions alors que la Ville continue à engranger des surplus, la métropole se dirigeant vers un excédent de 86 millions en 2015, selon le plus récent bilan financier rendu public.

L'administration Coderre a préféré ne pas réagir à la sortie des syndicats contre l'embauche de M. Dorais. Les demandes d'entrevues avec celui-ci ont également été refusées. Le cabinet du maire a toutefois précisé que l'homme n'était pas embauché comme consultant, mais comme employé temporaire, d'où son salaire quotidien de 1800$. Le tiers de cette somme sert à couvrir le coût de ses avantages sociaux.

Pas de consultant à Toronto et Calgary

L'opposition à l'hôtel de ville de Montréal a quant à elle souligné que d'autres grandes villes devant accueillir des réfugiés n'ont pas recours à des ressources externes pour gérer ce dossier. Calgary n'a pas jugé nécessaire d'embaucher de consultant externe pour coordonner l'arrivée des réfugiés attendus d'ici février. Tout le travail sera effectué par le personnel déjà à l'emploi de la métropole albertaine.

La Ville de Toronto a confirmé à La Presse que l'arrivée des réfugiés syriens sera entièrement gérée par du personnel déjà à son emploi. Ainsi, un employé du bureau aux nouveaux arrivants a été mandaté pour suivre le dossier des 2600 réfugiés attendus dans métropole canadienne d'ici la fin de 2015.