Le déversement d'eaux usées qui se déroule actuellement à Montréal n'épargne pas les berges du fleuve. Une analyse effectuée par La Presse en collaboration avec l'Université de Montréal montre que si la plupart des endroits situés près des rives sont épargnés par les contaminants, d'autres présentent des concentrations telles qu'un simple contact avec l'eau pourrait rendre les citoyens malades.

«Ce que semble montrer notre étude, c'est que les impacts varient beaucoup d'un site à l'autre», note Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l'Université de Montréal.

En collaboration avec l'équipe du professeur Sauvé, La Presse a pris des échantillons à cinq endroits près des rives du Saint-Laurent, le long de la zone où se déroulent actuellement les déversements.

Quatre des cinq sites épargnés

Pour quatre des cinq sites, la concentration de contaminants n'avait pas changé significativement après le déversement. Il y a toutefois une exception notable: au parc du Fort-de-Pointe-aux-Trembles, la concentration mesurée a été multipliée par 10 après le déversement.

«À cet endroit, on atteint un niveau suffisant pour fermer une plage et empêcher la baignade et les contacts avec l'eau», explique Sébastien Sauvé. Selon lui, un citoyen qui touche à une telle eau s'expose à des risques d'infections comme des otites ou des dermatites, ainsi qu'à des diarrhées.

Les eaux usées sont actuellement rejetées en 24 points le long du fameux collecteur qui est hors d'usage. Les rejets se font par des tuyaux qui déversent directement dans le fleuve, à une distance de 30 à 50 mètres des rives. L'objectif de notre étude était de vérifier si la contamination atteint les berges.

«Les berges sont les endroits où les gens sont le plus exposés à l'eau du fleuve. C'est là que j'étais le plus inquiet», dit M. Sauvé. L'expert croit que les courants et la configuration des rives font en sorte que certains sites sont beaucoup plus touchés que d'autres. Il se dit généralement «rassuré» par les résultats.

Analyses de la Ville

La Ville de Montréal devrait dévoiler très bientôt les résultats de ses propres analyses d'eau. Contrairement à notre démarche, la Ville a aussi échantillonné loin des berges, notamment là où les tuyaux déversent les eaux usées.

«C'est sûr que les tests vont confirmer qu'il y a déversement, c'est évident. Mais les tests qui sont les plus importants, ce sont ceux pendant le déversement, pour s'assurer que le panache n'a pas d'effets négatifs beaucoup trop loin. On vous avait dit dès le départ qu'on pensait que les résultats allaient se dissiper rapidement à cette période-ci de l'année et c'est ce que les tests devraient confirmer», a dit hier Richard Fontaine, responsable du dossier des eaux usées à la Ville de Montréal.

- Avec Daphné Cameron