Le maire de Verdun, Jean-François Parenteau, admet avoir inventé un accident grave dans un skatepark, prétendant qu'il voulait « donner une leçon » à un conseiller municipal. La fausse nouvelle s'est toutefois retrouvée sur les réseaux sociaux, semant l'inquiétude chez les parents de jeunes planchistes.

Dimanche soir, les élus de Verdun ont reçu sur leur téléphone portable un message de leur maire d'arrondissement les avisant qu'un adolescent de 14 ans avait été hospitalisé après avoir subi un accident au skatepark de l'arrondissement, présentement en construction. Il précisait que le jeune « [était] tombé tête première sur une tige » de l'un des fûts de lumières qui n'ont pas encore été installés et qu'il reposait dans un état grave.

Le texte ajoutait que « les élus qui ont fait la promotion du skatepark, alors qu'il est toujours en chantier, devront certainement répondre aux questions des journalistes ».

Cette mise en garde visait tout particulièrement le conseiller Sterling Downey, lui-même un planchiste. Celui-ci avait publié la semaine précédente plusieurs messages et photos sur les réseaux sociaux montrant des jeunes utilisant l'aire pour planches à roulettes. L'élu a lui-même été filmé en train de rouler sur la surface dans le cadre d'un reportage de Montreal Gazette sur la fin imminente des travaux.

Dès qu'il a reçu le message sur l'accident, Sterling Downey a publié un message sur Facebook pour inviter les planchistes à la prudence. « Tu ne veux jamais qu'un jeune se blesse, que le skatepark soit en construction ou pas », dit-il.

Mais aucun adolescent ne s'était réellement blessé. Après la publication du message de son collègue sur Facebook, Jean-François Parenteau a avisé son collègue qu'il avait inventé l'histoire pour lui « donner une leçon ».

« C'est un skater et il est très énervé par le projet. À plusieurs reprises, on a dû l'aviser de sortir du chantier, mais il a continué à y aller pour faire du skate et incitait les jeunes à y aller », a expliqué le maire à La Presse. Le maire de Verdun admet avoir envoyé ce message à M. Sterling dimanche soir « pour le faire "feeler cheap" » d'avoir fait la promotion du site alors que celui-ci n'est pas encore sécuritaire.

« Ce n'était pas une blague, c'était un message-choc parce que je trouve irresponsable ce qu'il a fait. C'est une question de sécurité et, en tant qu'élu, il doit donner l'exemple. On a tous hâte que ça ouvre, mais c'est un chantier et on n'a pas le droit de l'ouvrir. »

Conscient que la publication de cette fausse nouvelle a pu semer l'émoi, M. Parenteau a tenu à s'excuser auprès de ceux qui ont pu s'inquiéter. Pour éviter qu'un véritable accident ne survienne, l'élu a fait augmenter la sécurité autour du skatepark d'ici à son ouverture officielle, prévue dans une semaine.

Sterling Downey dément avoir incité les jeunes à utiliser l'aire de planche à roulettes, indiquant que ceux-ci y sont allés d'eux-mêmes. Pour le conseiller, cet épisode illustre plutôt le traitement réservé aux élus de l'opposition dans Verdun. « C'est de la jalousie, de l'intimidation, du contrôle », dénonce-t-il. Selon lui, le maire veut le tenir éloigné pour garder le mérite politique d'avoir mené à bien ce projet de 700 000 $. « Je trouve ça irresponsable, un maire d'arrondissement qui ment à ses élus pour leur donner une leçon. Appelle-moi si tu n'es pas d'accord avec ce que je fais, pas besoin d'inventer des histoires. »

Bien que les travaux au skatepark de Verdun ne soient pas encore terminés, on retrouve déjà sur les réseaux sociaux plusieurs vidéos de planchistes s'exécutant à cet endroit, comme sur le compte du planchiste montréalais Josh Clark.

PHOTO ALAIN DÉCARIE, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-François Parenteau, maire de Verdun

Affaire du skatepark a Verdun