L'effet de la commission Charbonneau continue à se faire sentir sur le prix des travaux réalisés par la Ville de Montréal.

Deux analyses menées par la métropole évaluent que les chantiers ont coûté cette année 10 % de moins qu'en 2014, une baisse qui vient s'ajouter à celle déjà observée au lendemain du déclenchement de l'enquête publique.

Une première analyse a comparé le prix des soumissions des entrepreneurs aux estimations effectuées par la Ville. Un écart de 9 % à 12 % a alors été constaté par rapport à 2014. La seconde analyse a cette fois comparé le coût des matériaux payés par Montréal. Cette fois, c'est une baisse de 10 % qui a été observée. La Presse a demandé une copie des deux analyses, mais notre demande a été refusée.

Cette diminution du coût des chantiers vient s'ajouter à la baisse de 20 % à 30 % qui avait été observée dans la foulée de la commission Charbonneau, a précisé le directeur général de la Ville, Alain Marcoux.

«Je trouve que c'est positif. La Commission a été utile en ce sens-là, mais nous, en plus, on a mis en place une stratégie qui permet de protéger les payeurs de taxes et l'intérêt public», a réagi le maire Denis Coderre.

Cette nouvelle baisse serait principalement attribuable à l'arrivée de nouveaux acteurs dans le milieu des chantiers, évalue-t-on à la Ville de Montréal. Bien que le rapport de la commission Charbonneau n'ait pas encore été rendu public, les audiences de l'enquête publique ont permis de constater qu'un cercle restreint d'entrepreneurs se partageaient les contrats de construction de la métropole.

Le maire Coderre estime que les mesures mises en place depuis protègent mieux Montréal. «Avec l'inspecteur général qui est en retrait et qui regarde le système, ça nous protège et ça envoie le message que vous êtes surveillés de toutes parts.»

Ces chiffres avancés par l'administration Coderre hier n'impressionnent pas Émilie Thuillier, leader de l'opposition officielle et présidente de la Commission d'examen des contrats. «C'est quoi, un estimé? Quand on fait un estimé de nos travaux, on n'estime pas combien le plus bas soumissionnaire peut nous donner, on estime combien ça devrait nous coûter. Donc, en théorie, un estimé devrait être près de la moyenne des soumissions et tous les travaux qu'on donne devraient être plus bas que notre estimé. Il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans. Le contraire aurait été surprenant.»

Corriger des inconvénients majeurs

Au-delà du maintien des mesures de surveillance, Montréal dit vouloir régler deux inconvénients majeurs qui poussent certains entrepreneurs à bouder les contrats de Montréal: la complexité des appels d'offres et les longs délais pour payer les fournisseurs.

Un rapport du contrôleur général avait constaté ces deux problèmes en interrogeant des entrepreneurs en construction absents du marché montréalais. Plusieurs ont dénoncé l'opacité des devis, ces documents qui expliquent la nature des travaux attendus par la Ville lors des appels d'offres. Montréal dit avoir déjà entrepris de simplifier leur rédaction.

La métropole veut aussi accélérer le paiement de ses fournisseurs, plusieurs entrepreneurs se plaignant des longs délais. En février 2014, Montréal mettait en moyenne 73 jours pour payer un fournisseur. Depuis, la Ville a réduit à 65 jours.