«La ville va être écoeurante dans trois ans, dit Denis Coderre. Mais c'est sûr qu'il faut faire des sacrifices entre-temps.»

En sortant brièvement de son texte hier matin, le maire de Montréal a résumé en une phrase les sentiments de plusieurs milliers de Montréalais et de banlieusards, qui devront naviguer à vue pendant plusieurs années entre les rangées de cônes orange du «grand triangle des transports» délimité par les chantiers du nouveau pont Champlain, de l'échangeur Turcot et de l'autoroute Bonaventure.

Le maire Coderre était invité hier à ouvrir les échanges lors d'un sommet réunissant quelques centaines d'ingénieurs, d'administrateurs publics et privés, de spécialistes en PPP, de hauts fonctionnaires et de dirigeants d'organismes de transport, pour faire le point sur ces trois grands projets.

En attendant que la ville «écoeurante» de demain émerge du chaos des camions, de la poussière et des marteaux-piqueurs, le maire Coderre a plaidé pour la patience des usagers et des riverains des grands projets, et pour une coordination «optimale» entre les autorités responsables de chacun de ces trois projets, qui relèvent de trois ordres de gouvernement différents.

Le chantier de transformation d'une partie de l'autoroute Bonaventure en boulevard urbain, sous la responsabilité de la Ville de Montréal, se poursuivra jusqu'à la fin de 2017. La construction du nouveau pont Champlain et la reconstruction d'une partie de l'autoroute 15, financées par le gouvernement fédéral et réalisées par un partenaire privé, s'étendront jusqu'à la fin de 2019. La construction du nouvel échangeur Turcot, supervisée par le ministère des Transports du Québec, doit pour sa part être finie en 2020.

Leur construction en parallèle, dans un territoire restreint délimité par un triangle presque parfait de cinq kilomètres de côté, «représente d'énormes défis en termes de réalisation, de mobilité et d'accès au centre-ville», a dit le maire, ajoutant qu'il sera de la responsabilité commune «de minimiser le plus possible les impacts sur les usagers des réseaux de transport».

Le corridor Champlain s'anime

Lundi, des résidants de L'Île-des-Soeurs et des arrondissements de Verdun et du Sud-Ouest, qui habitent dans la pointe la plus dense du «grand triangle», ont appris l'importance des premiers «sacrifices» qui leur seront demandés, dans les mois qui viennent, en vue de la construction du nouveau pont Champlain.

Lors d'une séance publique d'information au conseil d'arrondissement de Verdun, le consortium privé Signature sur le Saint-Laurent a annoncé, entre autres, que la démolition du vieux pont de L'Île-des-Soeurs allait débuter dès le mois prochain et que la démolition de la rue May et de ses vieilles maisons, toutes rachetées par le gouvernement fédéral, était prévue d'ici la fin de novembre.

Selon la liste détaillée des travaux prévus dans cette pointe du «grand triangle» d'ici mars 2016, ce sont des résidants de l'arrondissement de Verdun qui risquent de souffrir le plus, en raison du bruit infernal des chantiers qui seront presque à leurs portes.

En comparaison, les travaux prévus d'ici le printemps 2016 auront peu d'impacts sur la circulation autoroutière de l'A15. Les impacts les plus importants, qualifiés de «moyens», sont surtout prévus sur de courts tronçons du boulevard LaSalle et de la rue Wellington, de part et d'autre de l'autoroute 15. Ces travaux devraient durer environ deux mois, entre décembre 2015 et février 2016.