Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) planche sur un programme de sensibilisation aux agressions sexuelles qui pourrait être offert aux chauffeurs de taxi, a appris La Presse, alors que le nombre de plaintes de jeunes femmes agressées dans un taxi est en augmentation depuis 2013.

«Ce programme viserait à sensibiliser les chauffeurs à la réalité que vivent les victimes d'agression dans le but de les conscientiser», explique le sergent Laurent Gingras, porte-parole du SVPM.

«On pourrait aussi les sensibiliser à être plus alertes si une personne qui se trouve en état d'ébriété est accompagnée d'une personne qui semble profiter de la situation, par exemple», ajoute le commandant Ian Lafrenière.

L'élaboration de ce programme est encore à l'état embryonnaire et le SPVM ne s'avance pas sur une date où il sera mis en place. Le corps policier n'a d'ailleurs pas encore pris contact avec le Bureau du taxi de Montréal (BTM) à ce sujet.

Le BTM révise actuellement le contenu de sa formation continue et se dit ouvert à toute amélioration. La responsable des communications, Marie-Hélène Giguère, préfère toutefois attendre d'en savoir plus sur le projet avant de se prononcer.

Davantage de plaintes

Depuis 2013, on constate une certaine hausse du nombre de plaintes pour agressions sexuelles dans les taxis. «On n'arrive pas à expliquer pourquoi, dit le sergent Gingras. C'est aussi possible que les gens dénoncent davantage ces incidents.»

Il y a deux semaines, Pascale, une jeune femme qui préfère taire son nom de famille, est montée dans un taxi vers 3h30 du matin dans le Vieux-Port de Montréal et a donné une adresse dans la Petite Italie.

«Le chauffeur a pris l'autoroute 15, je lui disais que ce n'était pas le bon chemin, mais il continuait. Il a commencé à me dire qu'il me trouvait belle et il essayait de me toucher, se rappelle Pascale. Puis il a sorti son pénis. Dès que la voiture s'est arrêtée à une lumière, je suis partie en courant.»

La jeune femme a rapporté l'incident au SPVM et au BTM dans les jours qui ont suivi. Pascale fait partie des 17 dossiers ouverts pour agression sexuelle dans un taxi en 2015. Aucune accusation n'a encore été portée pour ces 17 incidents, mais un suspect a été identifié pour l'un d'entre eux, a précisé le sergent Gingras.

Même si les dénonciations augmentent, le nombre d'accusations fluctue à peine. Sur les 27 dossiers ouverts en 2014, une seule mise en accusation a été déposée. «Lorsqu'il n'y a pas accusation, ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de conséquences pour les chauffeurs», souligne le sergent.

Il reconnaît toutefois que la série d'agressions de l'automne dernier n'a pas été résolue. Quatre jeunes femmes avaient été agressées dans des circonstances similaires dans un taxi qu'elles avaient hélé. Les descriptions de l'agresseur semblaient viser un seul suspect.

Quelques semaines après que les médias eurent rapporté les faits, le gouvernement du Québec a imposé la vérification des antécédents judiciaires pour les chauffeurs de taxi.

Le sergent Gingras rappelle qu'il est toujours mieux d'appeler un taxi plutôt que de le héler afin qu'il existe une trace de la course.

Pascale évitait toujours de héler des taxis, mais le soir de l'agression, la pile de son téléphone était déchargée. «Maintenant, je vais toujours traîner mon chargeur avec moi!» Elle décrit son agresseur comme étant un homme blanc dans la trentaine, portant des lunettes

Le BTM souligne que l'installation de caméras de sécurité dans toutes les voitures de taxi, prévue pour 2016, devrait améliorer la sécurité des chauffeurs autant que celle des passagers.

Agressions sexuelles dans les taxis

2012

• 12 dossiers ouverts

• 1 mise en accusation

2013

• 33 dossiers

• 4 mises en accusation

2014

• 27 dossiers

• 1 mise en accusation

2015 (en date du 31 août)

• 17 dossiers

• Aucune accusation, mais 1 suspect identifié