Le gouvernement Couillard laisse planer le congédiement imminent du président de l'Agence métropolitaine des transports (AMT), l'ex-député péquiste Nicolas Girard.

«On ne commente pas les rumeurs», se contente-t-on de dire dans l'entourage du premier ministre Philippe Couillard. Mais on refuse aussi de réitérer sa confiance en M. Girard, signe avant-coureur d'un ménage à la tête d'un organisme.

Le chroniqueur politique Jean Lapierre soutenait en matinée que le gouvernement remplacerait M. Girard par l'ancien patron de Via Rail, Paul Côté. Ce dernier avait occupé les fonctions de PDG par intérim après le départ de Joël Gauthier, ancien directeur général du Parti libéral du Québec, au début de 2012 et jusqu'à la nomination-surprise de M. Girard par le gouvernement Marois en septembre de la même année. Il avait également été conseiller spécial de M. Girard pour assurer la transition.

Québec devrait sceller le sort de Nicolas Girard lors d'une réunion du conseil des ministres, mercredi.

Comme le gouvernement résilie son contrat avant son terme (8 octobre 2016), M. Girard touchera une allocation de départ: environ un mois de salaire par année de service, auquel on ajouterait trois mois de salaire en raison de l'absence d'un préavis de résiliation de contrat.  Selon son contrat d'embauche, il touchait 182 975$ par année, montant qui a été indexé au fil des années.

Le gouvernement Marois avait nommé Nicolas Girard à la tête de l'AMT trois semaines après les élections générales. M. Girard, qui était député de Gouin depuis 2004, venait d'être défait par Françoise David de Québec solidaire.

Peu de temps après son entrée en fonction, Nicolas Girard avait « constaté quelques irrégularités dans les activités de son prédécesseur», Joël Gauthier. L'information a été transmise à la police. L'Unité permanente anticorruption (UPAC) fait enquête depuis. Aucune accusation n'a été déposée. Le ministre des Transports Robert Poëti avait alors dit que M. Girard avait bien fait d'alerter la police.

Le Parti québécois soupçonne une vendetta politique. « Avec la déclaration de M. Couillard dimanche, « je ne laisserai pas un pouce aux souverainistes », on se demande s'il n'est pas en train de mettre ses menaces à exécution et de mettre en place une politique d'intolérance dans la gestion de l'État. Je ne vois pas d'autres explications », a soutenu la députée Martine Ouellet, porte-parole en matière de transports.

Selon elle, si « certains pouvaient être sceptiques lors de sa nomination », Nicolas Girard a fait ses preuves à la tête de l'AMT. « Les sceptiques ont été confondus. Il a démontré sa capacité de bonne gestion de l'État », notamment en réduisant de 10% les effectifs tout en augmentant l'offre de services de 20%. « Il a opéré un redressement » après la saga du Train de l'Est, a-t-elle ajouté.

Les intentions du gouvernement sont d'autant plus « surprenantes » selon elle qu'il a l'intention d'abolir l'AMT pour la remplacer par deux autres entités, comme La Presse le révélait le printemps dernier. « Nicolas Girard aurait pu assurer la transition», surtout que son contrat se termine en octobre 2016, a-t-elle affirmé. La possible nomination de M. Côté est donc étrange à ses yeux.

Elle souligne également que lorsqu'il était PDG par intérim, M. Côté « devait savoir ce qui se passait à l'AMT » relativement aux agissements de son prédécesseur Joël Gauthier et qu'il «n'a rien dénoncé». «Le gouvernement ramène M. Côté. Assez surprenant. Je ne comprends pas. Je pense qu'au niveau de l'éthique, il y a des questions qui se posent», a-t-elle dit.

De son côté, l'AMT «ne commente rien pour l'instant», a affirmé sa porte-parole, Brigitte Léonard.