Pénalités de retard records, facture salée pour reprendre des travaux mal faits, réclamation pour des extras injustifiés. La Ville de Montréal poursuit deux entreprises pour 3,9 millions à la suite de ratés dans un chantier de construction qui accuse plus de trois ans de retard.

En 2009, Montréal a lancé un projet de près de 6 millions pour régler les problèmes d'odeurs qui touchent depuis longtemps une partie de l'arrondissement de LaSalle. La firme de génie Axor et l'entreprise de construction Sept Frères ont alors été chargées de construire une unité de traitement des odeurs (UTO) sur la 75Avenue, chantier qui devait être terminé le 15 décembre 2011.

Mais plus de trois ans après la fin prévue des travaux, les citoyens de LaSalle vivent toujours avec ces problèmes d'odeurs, les travaux n'ayant jamais été terminés. Exaspéré, Montréal s'adresse maintenant aux tribunaux pour être dédommagé pour les nombreux ratés dans ce projet.

La métropole réclame ainsi des pénalités records de 2,6 millions pour ce projet, une facture rarement vue pour un retard de chantier. Montréal veut ainsi récupérer 2219 $ par jour de retard, alors que ces travaux en accusent pas moins de 1146.

Montréal juge cette pénalité justifiée puisque «les citoyens de LaSalle et les personnes fréquentant le parc linéaire subissent quotidiennement les conséquences du retard dans la livraison de l'UTO compte tenu des émanations d'odeurs générées par le réseau d'égout», écrivent les avocats de la Ville.

Le système a implosé

Les problèmes avec ce chantier ont fait surface huit mois après la fin des travaux prévus. Alors qu'ils étaient exécutés à 98 %, un incident majeur est survenu le 25 juillet 2012 quand le système de ventilation a subi une défaillance lors d'un test. Cette défaillance a alors provoqué l'implosion d'une importante partie du système.

À la surprise de la Ville, les deux entreprises responsables des travaux n'auraient pas tenté d'élucider les causes de cet incident. L'expertise réalisée par une firme chargée par Montréal de faire la lumière, Beaulier, a conclu que «l'implosion résultait d'une mauvaise conception, d'une fabrication déficiente et d'une installation inadéquate».

Toujours pas de nouveaux plans

Trois ans après cet incident, Montréal dit toujours attendre les nouveaux plans pour corriger les dommages causés par l'implosion et corriger l'ensemble des vices constatés dans ce projet. La facture de ces travaux correctifs est évaluée à 1,1 million.

Montréal réclame aussi à Axor de lui rembourser les honoraires versés pour l'aider à obtenir la certification LEED Argent pour ce projet. La Ville avait en effet accepté d'augmenter de 92 600 $ le contrat de la firme de génie en 2011 pour cette certification, mais elle «n'a jamais été obtenue en raison de l'ensemble des fautes commises par Axor et Sept Frères».

La métropole réclame également le remboursement de 130 000 $ pour des extras «qui ont dû être émis en raison d'erreurs et omissions dans les plans et devis conçus par Axor».

Rappelons que le contrat de 5,1 millions accordé à Sept Frères à l'époque était de 31,5 % plus élevé que l'estimation qu'en avait faite Axor. Montréal avait tout de même accepté d'accorder ce contrat après avoir commandé une nouvelle estimation à la firme Macogep.

Nos appels à Axor sont restés sans réponse. Sur son site internet, le slogan de l'entreprise Sept Frères indique qu'«un travail bien fait est un travail bien fait la première fois».