L'administration Coderre se dit prête à voir plusieurs entreprises fournir les 1000 véhicules électriques en libre-service qu'elle souhaite implanter dans les rues de Montréal d'ici 2020, plutôt que de faire affaire avec un seul fournisseur.

Accusée d'avoir lancé un appel d'intérêt favorisant le groupe Bolloré, qui gère Autolib' à Paris, la Ville s'est à nouveau défendue, mercredi, de vouloir mettre en place un monopole. Le bras droit du maire, Pierre Desrochers, a assuré que l'appel d'intérêt lancé à la fin du mois de juin cherchait au contraire à «assurer une certaine concurrence et non pas trouver un fournisseur exclusif».

Comment? L'administration reconnaît qu'un «fractionnement» du système est envisagé. Plusieurs entreprises pourraient ainsi se partager le réseau de 1000 véhicules électriques.

L'appel d'intérêt évoque d'ailleurs ce scénario, souligne le cabinet du maire Coderre. Le cahier que doivent remplir les entreprises intéressées au projet les invite à «décrire la viabilité de [leur] modèle d'affaires dans l'éventualité où plusieurs fournisseurs de véhicules électriques en libre-service sont présents sur le territoire de la Ville de Montréal». On précise qu'il pourrait y avoir «un fractionnement du nombre de voitures en libre-service par le nombre de fournisseurs».

Même si le fractionnement est envisagé, il reste que le cahier du répondant demande à chacun des fournisseurs s'il est en mesure de déployer par lui-même 1000 véhicules électriques. «Indiquer si votre entreprise peut répondre au déploiement proposé par la Ville de Montréal, soit 1000 véhicules électriques en libre-service en 5 ans.»

Jusqu'à présent, il avait été question qu'une seule entreprise ait accès aux vignettes universelles de stationnement. Les autres entreprises d'autopartage auraient pu poursuivre leurs activités à Montréal, mais auraient été limitées aux rares espaces de stationnement n'étant pas couverts par des restrictions ou auraient dû louer des cases dans des stationnements privés, une dépense importante. Une case au centre-ville peut coûter 300$ par mois.

Coût d'une vignette

L'appel d'intérêt indique que les vignettes seraient vendues au prix de 1750$ à 2000$ par année. Elles permettraient du coup de rapporter de 1,75 million à 2 millions lorsque 1000 véhicules seront dans les rues de Montréal. Le document précise également que le coût d'une recharge de batterie serait de 2,50$.

Les vignettes universelles représentent le nerf de la guerre dans le monde des véhicules en libre-service. La société car2go estime ne pas pouvoir survivre sans celles-ci. «Sans elles, on fermerait. On ne peut pas fonctionner sans le stationnement sur rue. Si c'est trop compliqué de trouver une voiture ou de trouver à stationner, les gens n'utilisent plus le service», résume Jeremi Lavoie, directeur général du bureau montréalais de car2go.

L'entreprise, qui craint d'être écartée du processus en raison des critères mis de l'avant par Montréal, voit d'un bon oeil l'idée de fractionner les vignettes de stationnement. «Depuis le début, on dit que le monopole n'est pas une bonne solution», dit Jeremi Lavoie. Permettre à plusieurs entreprises de coexister «serait clairement dans l'intérêt des citoyens», poursuit-il.

L'administration Coderre rappelle que l'appel d'intérêt international qui prend fin le 24 août ne représentera pas une fin en soi. Il s'agit d'une façon de «tester le marché» en vérifiant l'intérêt des entreprises à implanter des véhicules électriques en libre-service.