Alors que les bars du centre-ville s'apprêtent à vivre l'un de leurs week-ends les plus fastes, un commerçant de la rue Ontario en a ras-le-bol des travaux du réseau de distribution d'eau qui s'éternisent et qui devaient être terminés avant le week-end du Grand Prix.

Le chantier, un capharnaüm de clôtures, de pelles mécaniques, de boyaux qui expulsent de l'eau, d'amoncellements de vieilles conduites et de cônes orange, fait fuir les clients, dénonce Nicolas Hamel, copropriétaire du bar Mme Lee, un resto-bar branché du Quartier des spectacles.

«On nous a dit d'investir dans le Quartier des spectacles, que ça allait être le joyau de Montréal, a déclaré M. Hamel. On investit, on crée des emplois, mais la Ville ne fait rien pour nous aider», déplore-t-il.

Les travaux ont débuté le 6 avril et devaient initialement se terminer fin mai. En raison de «complications», ils se poursuivront au moins jusqu'au 21 juin, a indiqué hier la Ville de Montréal.

«Avec le froid historique que l'on a connu cet hiver, on fait tout pour garder la tête hors de l'eau, mais la Ville de Montréal ne fait rien du tout pour nous aider à survivre», dit le jeune entrepreneur de 28 ans, qui possède déjà huit commerces avec ses associés.

Aujourd'hui, il se sent abandonné par la Ville et par le maire Coderre. «[Jeudi] soir seulement, j'ai perdu 10 000$. Au lieu d'avoir 250 clients dans le bar comme tous les jeudis soir, il y en avait seulement 60.» Il déplore aussi le fait qu'il a dû annuler deux fois la présence de camions de cuisine de rue qui devaient agrémenter les 5 à 7 qui s'étirent les jeudis soir.

«Complications»

Les travaux visent à réhabiliter les conduites d'eau potable. En raison du chantier, la rue Ontario est entièrement fermée à la circulation entre les rues Clark et Sanguinet. Les piétons peuvent toutefois se faufiler autour des trous ouverts dans la chaussée. «C'est dangereux et chaotique», indique M. Hamel.

La Ville de Montréal réplique que l'entrepreneur qui s'occupe du chantier a, depuis le 29 mai, ajouté la présence d'un signaleur en période de pointe du lundi au vendredi.

Pour ce qui est du retard de près d'un mois, la porte-parole Geneviève Dubé explique qu'on a sous-estimé le nombre élevé de massifs sous la chaussée, c'est-à-dire les blocs de béton qui protègent et entourent les fils d'Hydro-Québec, de Bell Canada et de Gaz Métro.

Les travaux ont aussi créé un goulot de circulation sur le boulevard Saint-Laurent à l'angle d'Ontario, créant un cauchemar pour les automobilistes et cyclistes qui osent s'aventurer dans la côte de la Main.

Les travaux auront au moins attiré une nouvelle clientèle chez Mme Lee: les ouvriers du chantier.