Projet Montréal poursuit sa métamorphose. Le chef intérimaire, Luc Ferrandez, qui a déjà déclaré vouloir se débarrasser de «l'image anti-voiture» de son parti, a pris ses distances par rapport à son ancien chef, Richard Bergeron, hier, en disant vouloir proposer des projets plus «concrets» que le tramway.

Devant les membres de Projet Montréal réunis en conseil général, hier, M. Ferrandez a ouvert son discours par une flèche à son prédécesseur, qui a quitté le parti pour siéger au comité exécutif de l'administration Coderre. «Asseyez-vous, chaque fois que vous vous levez, ça me rappelle combien on a applaudi Richard Bergeron», a-t-il dit. Quelques personnes ont sursauté tandis que certains riaient jaune.

Devant les journalistes, M. Ferrandez a précisé que la déclaration était humoristique, ce qui ne l'a pas empêché de critiquer son ancien collègue.

«M. Bergeron est resté concentré sur l'enjeu qu'il privilégiait quand il était à Projet Montréal: le tramway. Nous, on a dépassé ça, on veut toucher à beaucoup plus d'enjeux fondamentaux qu'on ignorait à l'époque de M. Bergeron.»

Le parti veut se concentrer sur le développement économique, l'habitation, l'emploi et la qualité de vie dans les arrondissements. «On doit se transformer en un parti qui gagne des votes en proposant des choses concrètes», a-t-il déclaré aux militants.

«Là où il y a un changement de stratégie par rapport à l'ère Bergeron, c'est l'approfondissement des dossiers. M. Bergeron avait tendance à dire: "On va faire 40 kilomètres de tramway", et quand on lui demandait où il allait trouver l'argent, il répondait: "On verra", a-t-il indiqué aux journalistes. Il a ça en commun avec M. Coderre. Nous, au contraire, on veut documenter des dossiers précis.»

Les limites de la critique

Le chef intérimaire a affirmé que le parti devait se transformer en expert sur des questions comme la création d'un registre des baux, l'aide aux commerçants de rue ou encore le développement d'un réseau cyclable «ambitieux, mais réaliste».

Le chef intérimaire s'est dit conscient que la simple critique du maire Denis Coderre ne suffira pas pour gagner une élection, tout comme il reconnaît la grande popularité de son rival. Il attribue cette faveur populaire à sa forte présence dans les médias où il commente toutes sortes d'enjeux, du groupe islamiste Boko Haram au hockey en passant par sa perte de poids. Mais M. Ferrandez ne compte pas se battre sur ce terrain.

«Ce n'est pas en faisant la même chose que lui qu'on va réussir à approfondir le débat et améliorer la qualité de vie des Montréalais», a-t-il insisté. Il croit que les citoyens finiront par constater les «effets négatifs» de la réforme du budget des arrondissements, notamment.

«Avec le temps, les gens vont dire: !C'est quoi l'alternative?" Et on va arriver avec des propositions concrètes», assure-t-il.