Une composante électrique défectueuse sous une voiture électrique MR-90 a déclenché un début d'incendie sur la ligne de Deux-Montagnes, alors que le train de banlieue était dans le tunnel du mont Royal, durant la pointe de fin d'après-midi, vendredi dernier.

Cet incident est survenu sur le train numéro 915, qui quitte la Gare centrale à 16h05, chaque jour, en direction de Deux-Montagnes. Il a été rapidement maîtrisé par le personnel de bord et n'a pas nécessité d'intervention des pompiers, selon l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

Il a toutefois forcé l'AMT à faire descendre environ 500 passagers sur le quai de la gare de Canora, où ils ont dû patienter jusqu'à 40 minutes pour pouvoir prendre place dans l'un des deux trains suivants - qui, à cette heure, sont généralement bondés.

Durant la même période de pointe, mais pour des raisons complètement différentes, au moins cinq autres trains de la ligne Deux-Montagnes ont accusé des retards de 10 à 43 minutes. Ces retards sont attribués par l'AMT à un bris d'aiguillage causé par la glace, à proximité de la Gare centrale. Entre 4000 et 5000 usagers ont été touchés par ces bris d'équipement lors de ce vendredi 13 un peu chaotique.

Selon la porte-parole de l'AMT, Fanie Clément St-Pierre, l'incident du train 915 a été causé «par un appareil qui est fait pour absorber la chaleur, sous les voitures. De la fumée a été détectée par l'équipe de train, qui a fait le nécessaire pour que le surchauffage cesse».

Le train s'est arrêté à un peu plus de 1 km de la sortie du tunnel, direction nord. Après avoir maîtrisé le début d'incendie, l'équipe du train a remis la rame en marche jusqu'à la gare Canora pour faire descendre les passagers. La voiture défectueuse a été retirée de la circulation.

Des voitures «fatiguées»

Bien que sans conséquence sur le plan de la sécurité, l'incident met en lumière l'état précaire du matériel roulant de la plus importante ligne de train de banlieue de l'AMT, qui transporte en moyenne 31 000 personnes par jour en passant par le tunnel du mont Royal. Les voitures électriques MR-90 utilisées sur la ligne Deux-Montagnes comptent aujourd'hui 20 ans de service, et «elles commencent à être fatiguées», selon Mme St-Pierre.

En vertu d'une durée de vie estimée à 30 ans, les voitures MR-90 auraient dû profiter d'une «réhabilitation à mi-vie». Les coûts de l'opération et les impacts du retrait temporaire de matériel roulant ont toutefois retardé sa mise en oeuvre, pourtant considérée comme prioritaire.

«On ne peut pas retirer une rame de train complète de la ligne Deux-Montagnes et en faire la réhabilitation, durant plusieurs mois, sans que ça ait des impacts sur les services. Nous avons donc refait nos devoirs et conçu une solution de remplacement, qui nous donne plus de souplesse, en retirant quelques voitures à la fois, et en morcelant le programme de réhabilitation en plusieurs étapes.»

Des retards et encore des retards

Le réseau de trains de banlieue de l'AMT traverse un mois de février très éprouvant, avec un taux de ponctualité global de moins de 90% et des retards en série sur presque toutes les lignes.

Ce ne sont pas que les lignes exploitées par les employés du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP) qui ont connu des ennuis. La ligne de train électrique de Deux-Montagnes, dont l'emprise appartient en totalité à l'AMT depuis un an, a enregistré des taux de ponctualité médiocres de 88% durant la première semaine de février et de moins de 85% dans la semaine suivante.

Le tout nouveau train de l'Est, entre Montréal et Mascouche, mis en service le 1er décembre dernier, enregistre aussi de faibles taux de ponctualité de 85% et 81% depuis le début du mois.

Loin des objectifs

En matière de ponctualité, l'objectif de l'AMT est de faire en sorte que 95% de ses trains arrivent à quai à l'heure prévue, ou avec un retard de moins de 6 minutes. Ce taux de ponctualité fait la fierté de l'AMT depuis plusieurs années et en a fait le réseau de trains de banlieue le plus ponctuel en Amérique du Nord.

Entre septembre et décembre 2014, pour l'ensemble du réseau, ce taux n'est jamais descendu sous les 95%. Il a même enregistré un score presque parfait de 98,5% en décembre. Il a glissé sous les 94% en janvier. Et jusqu'à maintenant, en février, il s'élève à seulement 86,2%, selon les données de l'AMT.

«La majorité des problèmes qu'on a connus en février sont dus à des aiguillages ou à la signalisation ferroviaire, affirme la porte-parole de l'AMT, Fanie Clément St-Pierre. Les mois de janvier et février ont été très froids, et cela a eu un impact sur l'ensemble de notre réseau.»