Moins de six semaines après avoir mis en service la nouvelle ligne de train de banlieue de 700 millions vers Mascouche, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) a décidé de lui faire sauter quelques gares afin d'éviter des retards de service importants, dans le sens de la pointe, à partir de lundi prochain.

L'AMT a ainsi annoncé que le train qui quitte Montréal vers Mascouche à 7h04 et le train partant de Mascouche pour Montréal à 17h19 vont désormais passer tout droit devant les gares Anjou et Saint-Léonard/Montréal-Nord afin de réduire leur temps de trajet et de libérer les voies plus rapidement.

Après quelques semaines d'exploitation, l'AMT s'est rendu compte que la présence de ces trains peu utilisés sur les voies ferrées à ces heures-là était susceptible d'entraîner des retards pouvant atteindre 20 minutes à des trains qui circulent en sens inverse, dans le sens de la pointe, et qui transportent, eux, des centaines de passagers.

Selon une porte-parole de l'Agence, Fanie Clément St-Pierre, les «ajustements de service» sur ces deux départs quotidiens pénaliseront environ 15 usagers du nouveau train qui descendaient jusqu'ici aux gares d'Anjou et de Saint-Léonard/Montréal-Nord, à chaque voyage.

Il ne s'agit pas d'un changement temporaire. L'AMT ne prévoit pas rétablir ces arrêts dans un avenir rapproché, «à moins que la demande ne le justifie».

Cette décision de l'agence provinciale, responsable du réseau de trains de banlieue, a aussitôt été dénoncée comme «une baisse de service inacceptable sur l'île de Montréal» par l'opposition officielle au conseil municipal, Projet Montréal.

Le conseiller de ville du district François-Perrault, Sylvain Ouellet, a souligné que les quatre arrêts quotidiens supprimés par l'AMT sont tous situés dans l'est de Montréal, même si la Ville consacrera 6,9 millions de dollars par année au budget d'exploitation de la ligne, utilisée à 70% par des résidants de la banlieue.

Il estime ainsi «qu'on traite les Montréalais comme des citoyens de seconde zone» et qu'en conséquence, «Montréal devrait réviser sa quote-part» au financement d'un service qui profite davantage aux villes voisines.

Le directeur général du regroupement d'usagers Transports 2000 Québec, Normand Parisien, s'est pour sa part dit «perplexe» qu'une telle situation de conflit d'usage des voies puisse survenir entre deux trains de banlieue empruntant la même ligne.

Selon lui, ces changements soulèvent plusieurs questions sur le fonctionnement de la ligne Mascouche-Montréal. Deux autres gares doivent encore s'ajouter à Montréal au cours de l'année 2015, a-t-il rappelé.

Les trains qui sont déjà amputés de deux arrêts disposeront-ils du temps nécessaire pour s'arrêter aux nouvelles gares sans nuire au passage des trains qui arrivent en sens inverse? «Je comprends que la ligne soit encore en rodage, a-t-il fait remarquer, mais c'est tout de même une situation assez particulière.»

Cette nouvelle ligne, connue sous le nom de train de l'Est, est en service depuis le 1er décembre dernier. Le trajet entre Mascouche et le centre-ville de Montréal fait 53 kilomètres et s'arrête actuellement dans 11 gares, 8 situées dans l'île de Montréal et 3 en banlieue.

Le train de l'Est offre 16 départs par jour (8 par direction). De ce nombre, seuls deux sont touchés par les changements annoncés.