Sandrine Campeau comptait sur la nouvelle application conçue par la Ville de Montréal pour l'aider à mieux garer sa voiture lors des opérations de déneigement. Mais une contravention de 118$ plus tard, elle déchante. S'estimant victime des ratés d'Info-Neige, la Montréalaise réclame l'annulation de son amende.

Le 12 décembre dernier, cette résidante du quartier Notre-Dame-de-Grâce se met à la recherche d'un stationnement, son arrondissement ayant entrepris le déneigement des rues de son secteur. Ne trouvant pas près de chez elle, elle se gare plusieurs rues au nord.

Afin d'éviter de recevoir une contravention, la Montréalaise enregistre sa position sur Info-Neige, l'application qu'elle a téléchargée sur son téléphone intelligent, afin d'être avisée si elle doit déplacer son véhicule. «On se fiait beaucoup à l'application parce qu'ils ont tendance à mettre les pancartes avec peu de préavis. On n'arrêtait pas de regarder l'application», relate-t-elle.

C'est seulement deux jours après avoir stationné sa voiture qu'elle reçoit un premier message... pour l'aviser que la rue où elle était garée avait été déneigée. Surprise de ne pas avoir eu d'avis l'informant du passage des déneigeuses, elle se rend à sa voiture pour constater que non seulement la neige avait bel et bien disparu, mais qu'une contravention de 118$ était apparue sur son pare-brise.

«Je ne paye pas ça. À cause du manque de planification dans le déneigement, j'ai été obligée de me stationner loin de chez moi et je me suis fiée à une application qui ne fonctionne pas. On ne parle même pas d'un délai de cinq ou six heures dans les mises à jour, mais de jours», dénonce Sandrine Campeau. La Montréalaise estime que la Ville n'a pas suffisamment prévenu ses citoyens des lacunes de son application.

Reconnaissant que son application connaît des ratés depuis son lancement, en décembre, la Ville de Montréal assure avoir suffisamment prévenu ses citoyens des limites de sa nouvelle application. «On a toujours été clairs que c'est l'affichage sur rue qui prédomine, a indiqué Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville. On a toujours été transparents, on n'a jamais dit que c'était en temps réel; il peut y avoir un écart. C'est un outil de plus, un projet-pilote.»

Problème découvert

Montréal dit avoir mis le doigt sur la principale source d'erreur dans Info-Neige: le facteur humain. L'entrée des données sur l'avancement des opérations se fait manuellement et des erreurs peuvent ainsi survenir, explique Harout Chitilian, élu responsable de la «ville intelligente». «Le problème, c'est la génération des données. On réalise que la génération de données faite par des humains est un point à régler dans la prochaine mouture de l'application. Il va falloir automatiser cela.»

Hier, par exemple, des employés ont procédé au chargement de la neige sur la rue Notre-Dame, tout juste devant l'hôtel de ville. Or l'application n'a jamais témoigné de la tenue d'une telle opération. En fait, l'artère apparaissait toujours comme enneigée plusieurs heures après la disparition de la neige. «Le travail a été fait, mais l'information n'a pas été transmise par l'équipe sur le terrain à l'arrondissement», a expliqué Philippe Sabourin.

La transmission des données devrait être automatisée l'hiver prochain, alors que l'application utilisera les données fournies par des GPS installés sur les souffleuses appelées à déneiger les rues.

Peu convaincue par les explications de la Ville, Sandrine Campeau se dit «déçue que la Ville ne soit pas prête à reconnaître qu'il y a un problème avec l'application qui a occasionné des contraventions. Je suis certaine de ne pas être la seule à avoir une contravention à cause de cela». Comble de malchance, elle affirme que sa voiture a aussi été endommagée durant l'opération de déneigement. «Mais ça, c'est une autre histoire.»