Le maire Denis Coderre s'est défendu d'avoir fait l'objet de lobbyisme illégal lorsqu'il a rencontré, en France, un industriel qui souhaitait implanter un système de voitures en libre-service à Montréal, mais qui n'était pas inscrit au Registre des lobbyistes du Québec.

Lors du conseil municipal, hier, le maire a reconnu avoir rencontré en mai, lors de son séjour à Paris, l'industriel Vincent Bolloré pour discuter des projets à Montréal de son entreprise Autolib'. Or, M. Bolloré n'est pas enregistré comme lobbyiste au Québec.

«Comment se fait-il qu'après autant d'années de scandales, tant d'années de lobbyisme illégal, qu'on persiste dans ces habitudes? Pourquoi ne pas exiger comme nous, à Projet Montréal, que chaque fournisseur soit dûment inscrit au Registre des lobbyistes?», s'est indigné le conseiller de l'opposition Alex Norris.

En guise de réponse, Denis Coderre a lui-même posé une question: «Est-ce que la loi des lobbyistes s'applique à Paris?»

Oui, tranche le bureau du Commissaire au lobbyisme. «La loi s'applique qu'importe le territoire. Même si c'est une entreprise étrangère et que ça se passe en France, si le titulaire de charge publique est approché dans le cadre d'une activité de lobbyisme, le représentant doit être inscrit», a indiqué Daniel Labonté, porte-parole du Commissaire au lobbyisme.

La question est donc de savoir si l'entreprise a cherché à influencer le maire. Le maire s'en est bien défendu, en disant qu'il s'agissait simplement de discussions dans le cadre d'une mission économique. «Faire la promotion et s'assurer qu'on a un environnement propice à l'investissement, ce n'est pas de négocier avec quelqu'un. C'est de s'assurer d'avoir une écoute attentive quand les gens veulent venir ici. Je ne travaille pas pour une entreprise, je travaille pour les Montréalais», a indiqué Denis Coderre.

«Chaque fois que j'aurai l'occasion d'aller en mission, je vais le faire. J'ai fait la preuve que je peux siéger au conseil et me rendre à travers le monde pour vendre Montréal», laisse savoir Denis Coderre, maire de Montréal.

Quand le conseiller Guillaume Lavoie a accusé le maire de nuire aux entreprises de voitures en libre-service déjà implantées à Montréal, Denis Coderre lui a lancé: «Est-ce le porte-parole de Car2Go qui parle?»

Projet Montréal a demandé au maire de retirer ses propos, mais le président du conseil, Franz Benjamin, a refusé, estimant qu'il s'agissait d'insinuations et non d'accusations. Mécontent de la réponse, le conseiller François Limoges, de Projet Montréal, a remis en question la neutralité de Franz Benjamin, lui qui est appelé à diriger les échanges entre élus.

Lors du débat sur les activités de lobbyisme, Projet Montréal a demandé au maire de rendre public son agenda lors de ses voyages à l'étranger. Denis Coderre a refusé, estimant donner suffisamment d'informations sur les réseaux sociaux. «Non, je veux sauver du papier, alors je tweete. C'est public, tout le monde sait ce que je fais.»

Progrès au municipal

Par ailleurs, le bureau du Commissaire au lobbyisme a noté que le nombre de lobbyistes inscrits auprès de la Ville de Montréal a doublé depuis un an. «C'est un progrès notable depuis un an, comme partout ailleurs au Québec. Le Commissaire est satisfait des inscriptions au niveau municipal», a indiqué le porte-parole Daniel Labonté.

Malgré cette forte augmentation, le Commissaire au lobbyisme souligne que Montréal ne se démarque tout de même pas des autres municipalités.

Lobbyistes inscrits auprès de la Ville de Montréal

Lobbyistes-conseils:

• septembre 2013: 38

• décembre 2014: 97

Lobbyistes d'entreprises:

• septembre 2013: 97

• septembre 2014: 210