Les chauffeurs d'UberX circulant à Montréal s'exposeront bientôt à voir leur voiture saisie par les inspecteurs du Bureau du taxi. En entrevue à La Presse, le ministre des Transports, Robert Poëti, se dit prêt à augmenter leurs pouvoirs, qualifiant ce type de service de «transport illégal».

La Presse a révélé la semaine dernière que Montréal a réclamé le pouvoir de saisie pour sa dizaine d'inspecteurs du taxi afin de contrer le transport illégal. La demande n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, assure Robert Poëti, qui dit en avoir discuté avec le maire Denis Coderre. «C'est en marche», dit le ministre.

Le changement réclamé à la Loi concernant les services de transport par taxi pourrait être adopté dès la prochaine session parlementaire, estime M. Poëti. Plusieurs étapes s'imposent toutefois: la requête du Bureau du taxi doit d'abord être étudiée par un comité ministériel, recevoir l'approbation du Conseil des ministres, aller en commission parlementaire pour ensuite être intégrée à un projet de loi. «C'est un changement législatif, alors c'est un peu plus long qu'un changement réglementaire. Mais on n'a pas le choix, alors on va le faire.»

Les contrôleurs routiers du Québec disposent déjà du pouvoir de saisie sur les véhicules faisant du transport illégal, mais ceux-ci patrouillent uniquement à l'extérieur de Montréal. Dans l'île, le contrôle est assuré par des inspecteurs du Bureau du taxi. Pour saisir un véhicule, ces derniers doivent contacter les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ce qui peut prendre des heures.

Permettre aux inspecteurs de saisir les voitures des contrevenants sera davantage dissuasif, estime M. Poëti. «Quand vous vous faites saisir votre véhicule, c'est une bonne façon de vous faire comprendre qu'il y a un problème.»

Uber, du «transport illégal»

Uber a beau qualifier son service de «covoiturage citoyen», le ministre des Transports n'admet pas l'argument. «Il faut appeler ça du transport illégal. J'encourage, je salue le covoiturage: c'est une très bonne idée. Cependant, quand vous utilisez du covoiturage à des fins commerciales, je n'ai pas de problème, mais vous allez suivre les mêmes règles que tout le monde, sinon, ça devient de la concurrence déloyale», dit-il.

Robert Poëti dit avoir accepté de rencontrer la semaine prochaine les dirigeants d'Uber pour discuter de leur situation, l'entreprise souhaitant revoir la réglementation en place. Mais déjà, le ministre se montre peu flexible. «Moi, tout ce que je veux, c'est qu'ils se conforment à la réglementation. S'ils veulent m'expliquer que le covoiturage est une bonne idée, je suis d'accord. Mais si ce qu'ils font, c'est du taxi, c'est une autre chose.

«S'ils veulent devenir un service de taxi, j'ai pas de problème, mais je leur demande de respecter les lois», ajoute Robert Poëti.

Le directeur général d'Uber à Montréal, Jean-Nicolas Guillemette, dit vouloir profiter de cette rencontre pour «clarifier le flou» entourant son service. «On veut discuter de la réglementation nous encadrant et discuter d'une réglementation future pour Uber au Québec et à Montréal.»

Pour ce qui est d'étendre le service dans la province, comme à Québec, Jean-Nicolas Guillemette dit «qu'il n'y a pas de plan concret d'expansion à l'extérieur de Montréal, mais on reçoit beaucoup de demandes de gens qui nous demandent de venir offrir le service».

Quant au ministre qui qualifie UberX de «transport illégal», l'entreprise veut le convaincre du contraire. «Si je me fie à la réponse, où des dizaines de milliers de Montréalais ont utilisé Uber en moins d'un mois, si je me fie à la centaine de chauffeurs qui se sont inscrits, au fait qu'on a créé des centaines de jobs, que des partenariats ont été créés avec plein d'entreprises, je pense que ce sont des choses qui ne se sont pas rendues aux oreilles du ministre.»