Après les places en CPE et les enfants dans les autobus scolaires, au tour des camions fantômes d'attirer l'attention. La Ville de Montréal a mis en place un nouveau système informatique pour mieux surveiller ses opérations de déneigement et éviter de payer pour des chargements de neige dont elle n'est pas responsable.

La Ville de Montréal a officiellement lancé hier son application pour téléphones intelligents qui permettra aux citoyens de suivre les opérations d'enlèvement de la neige à partir de cet hiver. En parallèle, la métropole a annoncé avoir déployé un système intelligent de transport de la neige (SIT-Neige) qui lui permettra elle-même de suivre à la trace les camions transportant la neige enlevée des rues vers des centres d'élimination.

Jusqu'à maintenant, le suivi des chargements se faisait manuellement si bien que des camions transportant de la neige de sites privés, comme des stationnements de centres commerciaux, pouvaient se rendre dans les sites d'élimination de la neige de la Ville.

« Si on paye un entrepreneur pour la neige de la Ville, on s'attend à ce que ce soit de la neige de la Ville. S'il a des contrats privés, il peut venir vider [dans les sites d'élimination], mais il va devoir payer », dit Anie Samson, élue responsable des services aux citoyens.

Camions fantômes

Dans le cadre du projet SIT-Neige, les souffleuses ont été équipées d'un GPS afin de suivre leur progression. Quand un camion se placera à côté d'une souffleuse pour recevoir de la neige, le GPS enverra un signal pour enregistrer le véhicule. L'information sera transmise aux sites d'élimination de la neige qui connaîtra ainsi la provenance exacte des camions. Une photo du véhicule à l'entrée sera aussi prise.

« Ça va éviter qu'un camion fantôme, qui fait un centre commercial par exemple, se mette dans la file et entre. Ça va nous permettre d'avoir un contrôle sur les camions qui entrent et qui sortent », a résumé Anie Samson.

Bien que difficile à démontrer, le phénomène des camions fantômes est bien réel, assure l'élue. Elle dit notamment avoir été interloquée l'hiver dernier de constater que des camions remplis de neige se présentaient aux sites d'élimination deux jours après qu'un arrondissement eut dit avoir terminé ses opérations de déneigement.

La Ville de Montréal, qui paye environ 70 $ par chargement de neige, dit ne pas avoir évalué combien elle pourrait économiser avec une meilleure surveillance. « À la fin de l'année, on sera en mesure de faire un comparable avec les données manuelles », a indiqué Mme Samson.

Améliorer la gestion des opérations

Au-delà du fait de débusquer les camions fantômes, le nouveau système devrait permettre d'améliorer la gestion des opérations. Mme Samson indique qu'il sera plus facile de réorienter les camions lorsque les chutes à neige sont gelées. Montréal élimine en effet une grande partie de sa neige en la jetant directement dans les égouts. Beaucoup moins onéreuse que d'utiliser des dépôts à neige, cette technique a toutefois le désavantage de moins bien fonctionner par grands froids. « Quand il y a des gels, de la glace se forme. Alors, tu as beau mettre de la neige, ça ne bouge pas. »

Les camions finissent par former une longue file et ne sont plus disponibles pour permettre aux souffleuses de poursuivre leurs opérations. « Ça ralentit tout le processus et c'est pour ça que des rues ne sont pas faites », résume l'élue.

Pour cet hiver, seuls les neuf arrondissements issus de l'ancienne ville de Montréal participeront à l'essai de ce système. Les 10 autres devraient s'y joindre l'an prochain.