C'était un peu comme Noël avant le temps - mais avec des années de retard, quand même - lundi dans le train de l'Est, qui effectuait ses tout premiers déplacements.

«Il attend le train depuis qu'il est né!», a lancé Isabelle Cholette, à Terrebonne, en faisant un clin d'oeil à son petit Alexis, 5 ans. «Hein! Depuis 2009?», a réagi sa grande soeur Clodie, impressionnée que l'attente ait pu exister aussi longtemps que son frère.

Mais ce n'était pas la «saga» du train de l'Est qui occupait l'esprit de ses nouveaux usagers que La Presse a rencontrés. Une utilisatrice a même «osé» hocher de la tête, le sourire aux lèvres, quand on lui a demandé si l'attente et l'explosion des coûts, pour atteindre 671 millions de dollars, en valaient la peine. 

Le PDG de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), Nicolas Girard, répond à quatre questions sur la ligne Mascouche.  

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La Presse (LP) : Un total de 2400 utilisateurs lundi matin, c'est satisfaisant?

Nicolas Girard (NG) : C'est un excellent résultat pour une première pointe. Notre objectif est de transporter 5500 passagers au bout de cinq ans. 

LP : Le budget initial était de 300 millions. Il est passé à 671 millions. Sera-t-il respecté?

NG : Oui, et l'enveloppe de 90 millions de dollars supplémentaires que nous avons reçus pour les «risques», comme des causes pendantes au tribunal administratif du Québec, par exemple, ne sera pas utilisée dans son ensemble non plus.

LP : Y aura-t-il du WiFi dans le train de l'Est?

NG : Non, le plan de l'AMT est d'avoir du WiFi dans les stations et dans les gares. Les clients n'ont pas nommé le WiFi dans les priorités de changements quand nous les avons questionnés. Aussi, la quantité de voitures dans les trains et le nombre de zones qu'ils traversent multiplient les besoins en équipement pour le WiFi.

LP : À quelle inauguration serez-vous en premier : celle du prolongement de la ligne bleue, de la voie rapide sur Pie IX ou du train de l'Ouest?

NG : Nous travaillons étroitement avec la Ville sur le dossier du service rapide par bus Pie IX. L'objectif est d'inaugurer des stations, par tronçon, en 2015-2016. Mais nous avons aussi une grande préoccupation par rapport à la mobilité dans l'ouest de Montréal...

Le train de l'Est en chiffres et en dates

2006 : Le gouvernement Charest annonce le projet du «Train de l'Est», une ligne de train de 51 km entre Mascouche et Montréal. Coût estimé du projet, qui doit entrer en service en 2009 : 300 millions.

2008 : Le ministère des Transports autorise l'AMT à acquérir des locomotives neuves « bi-mode » : elles passeront à l'électricité dans le tunnel du mont Royal, qui n'est pas ventilé pour expulser les gaz d'échappement.

2008 : L'AMT devra construire une « berme », sorte de demi-tunnel qui protègera le train, car il devra passer près d'une usine d'explosifs de Repentigny. Coût estimé : 26 millions. Il en coûtera finalement 30 millions.  

2009 : Début des travaux du Canadien National sur le tronçon montréalais de la ligne Mascouche. L'inauguration est prévue pour 2011. 

2010 : Québec autorise la construction du tronçon Mascouche-Repentigny. Le coût du projet passe à 435 millions et la mise en service est reportée à l'été 2012.

Janvier 2011 : L'AMT revoit son budget, qui atteint maintenant les 663 millions.

2011 : La Presse révèle que les coûts estimés du projet sont passés à environ 665 millions en janvier 

2011 : Le Conseil du trésor du Québec ordonne une révision du plan d'affaires du projet. Nouvelle date prévue pour l'inauguration : 2014. 

2012 : Le président de l'AMT, Joël Gauthier, démissionne. Le Parti québécois réclame une enquête du Vérificateur général du Québec sur le projet.

2013 : Le Vérificateur entreprend ses travaux. L'inauguration du train est prévue pour la fin de l'année 2014.

1er décembre 2014 : Le train de l'Est siffle pour la première fois. La ligne Mascouche fait 53 km, compte 13 stations (celles de Sauvé et de Pointe-aux-Trembles doivent voir le jour en 2015) et effectue 16 départs par jour. Coût d'un billet Mascouche-Montréal : 8,50 $.