Pour la première fois depuis les fusions, la Ville de Montréal présente un budget en baisse par rapport à l'année précédente. Ceci n'empêchera toutefois pas les taxes d'augmenter en moyenne de 2,2% l'an prochain.

Montréal a dévoilé ce matin son budget 2015 alors que des dizaines d'employés municipaux manifestaient bruyamment à l'extérieur. Les sirènes et les vuvuzelas n'ont toutefois pas réussi à miner l'enthousiasme du maire qui s'est félicité de présenter un budget qu'il a tour à tour qualifié «d'excellent» et «d'historique».

La métropole a réussi à réduire ses dépenses de 0,3% alors que les administrations précédentes affichaient des hausses moyennes de 3,7% depuis huit ans. « Limiter les dépenses l'an passé relevait d'une réelle prouesse. Freiner les dépenses et réussir à les diminuer de 0,3% représente cette année ni plus ni moins qu'une performance historique », a déclaré le maire de Montréal, Denis Coderre. Au service des finances, personne n'avait souvenir d'une baisse du budget au cours des 30 dernières années.

Taxes en hausse de 2,2%

Malgré ce budget en baisse, les Montréalais n'éviteront pas une hausse de taxes. Les propriétaires de résidences auront droit à une augmentation moyenne de 2,2%, en incluant les taxes d'arrondissement. C'est moins que l'an dernier où l'augmentation avait été de 2,8%.

La maison unifamiliale «moyenne» à Montréal recevra ainsi en 2015 un compte de taxes de 3615$, en hausse de 93$. Le condo «moyen» aura pour sa part un avis d'imposition de 2618$, en une hausse de 33$.

Taxes d'arrondissement ou «taxe Coderre»

Si la hausse de taxes dépasse la barre des 2%, c'est en raison de l'augmentation des taxes d'arrondissement. La réforme des arrondissements, dont le premier pan a été entériné hier par le conseil municipal, sera en effet concrétisée dans ce budget. Sur les 19 arrondissements, dix verront leur dotation augmenter sur une période de cinq ans et neuf verront leur dotation diminuée sur une période 10 ans. C'est ce qui a poussé certains arrondissements comme le Plateau-Mont-Royal et le Sud Ouest à ajouter ce qu'ils ont baptisé une taxe « Coderre ».

Le maire a accusé les administrations du Plateau-Mont-Royal, de Rosemont-La-Petite-Patrie et du Sud-Ouest d'«être tombées dans la facilité en inventant la taxe Coderre». «Ce n'est pas la taxe Coderre, ce sont le lot d'élus qui ont pris la décision d'eux-mêmes. Ils ont fait de la politique sur le dos de la ville centrale. »

Le Sud-Ouest a augmenté sa taxe de 26% et le Plateau de 21%. Saint-Laurent a augmenté sa taxe locale de 12%, une situation que le maire Coderre a attribuée aux nombreux projets réalisés par cet arrondissement.

Encore cette année, ce sont les résidents du Plateau-Mont-Royal qui héritent de la plus forte hausse de taxes, à 4,5%. La hausse moyenne pour une unifamiliale sera de 287$ et de 89$ pour un condo. À l'inverse, ce sont aussi à nouveau les propriétaires de Montréal-Nord qui reçoivent la plus faible augmentation, à 0,5%.

La hausse est de 2,1% pour les propriétés non résidentielles, soit principalement les commerces. Depuis les fusions, les commerçants ont vu leurs taxes augmenter légèrement plus rapidement que l'inflation. Au total, leurs augmentations se chiffrent à 29,4% alors que les prix à la consommation ont grimpé de 28,5% durant cette période.

Moins d'employés

Montréal coupera l'équivalent de 410 postes à temps en 2015, ce qui devrait générer des économies de 33 millions, selon la Ville.

Le service le plus touché par les compressions est le SPVM. Ses effectifs seront réduits de 93, pour atteindre 5 597 emplois à temps complet. Le Service incendie verra pour sa part ses effectifs de 39 et en comptera donc désormais 2809 postes.

Pratiquement tous les arrondissements réduisent leur personnel. Seuls Anjou, L'Île-Bizard et Verdun en embaucheront. À l'inverse, Saint-Laurent sera l'arrondissement abolissant le plus de postes avec 24 emplois à temps complet en moins. Ville-Marie en coupera pour sa part 23.

La rémunération globale affiche une baisse de près de 100 millions pour s'établir à 2,4 milliards. Cette baisse provient essentiellement de la baisse de 51 millions du coût des régimes de retraite et de 49 millions en économies anticipées par l'adoption du projet de loi 3.

«Les discussions entourant le projet de loi 3 étaient difficiles, mais nécessaires», a déclaré Denis Coderre. « Nous avons toujours dit que l'on voulait revoir les régimes de retraite pour qu'au temps du budget, au lieu d'augmenter les taxes, on devait définir une nouvelle façon de partager ensemble », a-t-il ajouté.

30 millions de plus pour le transport en commun

Bonne nouvelle pour les usagers du transport en commun. Le budget alloué à la Société de transport de Montréal (STM) et à l'Agence métropolitaine de transport (AMT) sera augmenté de 30 millions (sur un total de 472 millions pour les deux organismes).

La part du lion ira à la STM, qui voit son budget haussé de 25 millions par rapport à 2014. Cette somme sera dédiée aux opérations au jour le jour. Le budget dédié aux investissements baissera cependant de 3,5 millions. « Je m'attends comme d'habitude que ce soit de pleins partenaires, ils n'auront aucune raison (cette année) de réduire les services », a commenté le maire, en référence à la diminution de service de 3% effectuée en 2014.

La contribution à l'AMT subira quant à elle une augmentation de 8,5 millions, essentiellement pour financer les trains de banlieue, dont la mise en service de la ligne Mascouche.

Plus de contraventions budgétées

Montréal anticipe des revenus de 175 millions en contraventions de stationnement et de circulation. C'est 6 millions de plus que le montant prévu au précédent budget. La métropole planche aussi sur une hausse des autres amendes, espérant récolter 24,5 millions, en hausse de 26,7% par rapport à 2014.

Transferts en baisse

Pour une quatrième année consécutive, les transferts gouvernementaux sont en baisse. En 2015, Montréal recevra 223,4 millions contre 382 millions en 2012.