Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a confirmé le «statut particulier» de Montréal à l'issue de l'événement «je vois mtl», qui a mobilisé hier près de 1500 leaders de tous les horizons dans le but de remettre la ville sur les rails de la croissance économique et de la prospérité durable.

«Montréal a besoin d'un statut particulier et des outils nécessaires pour jouer son rôle de métropole. Notre gouvernement est déterminé à donner ces outils à la ville», a soutenu le premier ministre, mettant ainsi un terme à une journée d'échanges qui ont permis d'entériner 180 projets à la Place des Arts.

M. Couillard s'est réjoui, entre autres, de voir que ces projets provenaient des entrepreneurs, organismes et citoyens de la communauté montréalaise et non des instances gouvernementales.

Même si les 180 projets nécessitent peu ou pas de fonds gouvernementaux, le premier ministre a indiqué que la présente période d'austérité à Québec allait permettre au gouvernement libéral de «se redonner le choix d'investir» de nouveau. Lorsque ce sera le cas, a-t-il souligné, les priorités seront la santé, l'éducation, la solidarité et la métropole.

En remerciant Denis Coderre d'avoir créé «une nouvelle vitalité et un esprit nouveau» à Montréal, le premier ministre, qui se dit partisan de l'innovation, a aussi lancé un défi au maire en demandant de «réserver une part des contrats informatiques aux jeunes développeurs» de Montréal.

Fin de la morosité

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a, de son côté, annoncé la création d'un bureau de suivi de je vois mtl, qui sera dirigé par l'ancienne ministre péquiste Diane De Courcy.

«À partir de maintenant, c'est: «Je vous ai à l'oeil» », a-t-il lancé aux participants qui devront maintenant réaliser les projets dévoilés hier, et ce, en vue notamment du 375e anniversaire de Montréal, en 2017.

«Je vois mtl est le meilleur antidote contre la morosité et le cynisme, a déclaré le maire Coderre. C'est un changement de ton et d'attitude, un virage culturel important.»

Plusieurs participants ont noté hier la quasi-invisibilité du gouvernement fédéral lors des travaux des 150 ateliers, mais le maire Coderre a tranché en disant que «ceux qui doivent être ici sont ici».

Faisant écho aux ateliers ayant traité d'économie sociale hier, M. Coderre a aussi annoncé que Montréal tiendra en 2016 le Forum mondial des entreprises sociales, après Séoul cette année.

Des dizaines d'idées

La journée d'hier a permis aux leaders de projets de présenter leurs idées et de recevoir des conseils des participants, une dizaine par atelier. Durant la journée, plusieurs ont souligné à quel point il est important de rencontrer des intervenants de domaines fort différents pour bonifier leur projet.

Les 180 projets que les participants se sont engagés par écrit à réaliser au cours des prochaines années touchent à tous les domaines des activités économique, sociale, communautaire et culturelle de Montréal.

On y trouve aussi bien l'idée d'une carte étudiante universitaire universelle de Montréal, défendue par l'idéateur de je vois mtl, Jacques Ménard, qu'une ligne aérienne directe avec la Chine, le soutien à la recherche en santé, l'adoption d'écoles et de nombreux projets numériques dans tous les domaines.

Participation massive

La popularité de l'événement je vois mtl, encore inconnu du public il y a deux mois à peine, a pris de court ses organisateurs, au point où ils ont dû refuser des participants de dernière minute.

«L'envergure des projets qui nous ont été présentés, leur qualité et leur diversité m'étonnent à certains égards, a confié à La Presse Jacques Ménard, président du conseil de BMO. Je ne veux pas dire que je m'attendais à beaucoup moins, mais je suis surpris du nombre de projets qui nous ont été soumis.»

Les citoyens, organismes et entreprises de la métropole ont présenté près de 300 «actions» dans le but de stimuler la relance de Montréal. Les organisateurs de je vois mtl - la BMO et la chambre de commerce du Montréal métropolitain - en attendaient plutôt une centaine. «Ce sont des projets de tous ordres, petits et grands, et ils ont en commun de ne demander aucune subvention nouvelle au gouvernement», a dit Jacques Ménard.

Pendant la cérémonie d'inauguration, le ministre responsable de la métropole, Robert Poëti, a réaffirmé son engagement à donner davantage de pouvoirs décisionnels à Montréal. Ce changement législatif était réclamé depuis des années. «Avec mon collègue des Affaires municipales, on est en train de redonner des pouvoirs à Montréal, la capacité de décider à Montréal, parce qu'ils sont capables de le faire, parce qu'ils doivent le faire, a lancé M. Poëti. Mais une fois qu'ils vont l'avoir... ils sont mieux de décider les bonnes affaires!» 

- Maxime Bergeron