Le ministère des Transports du Québec planche sur un «scénario global» d'optimisation de l'autoroute Métropolitaine qui permettrait de «réorganiser les flux de circulation routière sur trois réseaux indépendants et parallèles, soit le réseau local, les voies de service et les voies autoroutières».

Bien que la forme ou la nature de ce vaste projet ne soit aucunement détaillée dans le schéma révisé de la Ville, une étude de circulation menée par la firme d'ingénierie Genivar (aujourd'hui WSP) révèle que l'élimination de certaines déficiences liées à la conception de l'autoroute est préférable à l'ajout de nouvelles voies de circulation pour améliorer la fluidité du trafic et la sécurité des usagers.

Cette stratégie a été mise à l'épreuve dans le cadre des projets de réaménagement des échangeurs qui relient la Métropolitaine aux autoroutes des Laurentides (A15, vers Laval, au nord) et Décarie (A15, vers le centre-ville de Montréal, au sud).

Ces projets ont permis de corriger plusieurs problèmes de conception de l'autoroute Métropolitaine qui nuisent à la fluidité de la circulation et qui peuvent aussi mettre en péril la sécurité des usagers: discontinuité des voies de desserte, multiplication des bretelles d'accès, interdépendance avec le réseau local, bretelles de sortie situées à gauche.

Déplacements locaux

Le tronçon le plus achalandé de l'autoroute, entre les échangeurs des Laurentides et Décarie, est utilisé quotidiennement par plus de 200 000 véhicules. Cela en fait le tronçon routier le plus sollicité de la province. Comme il est construit en plein coeur de la ville et que l'emprise autoroutière est en milieu bâti, une étude de circulation fine a été réalisée pour mieux connaître l'origine de ces centaines de milliers de véhicules.

Les ingénieurs ont ainsi pu établir que le trafic trop important sur la Métropolitaine est en grande partie causé par la présence de milliers de véhicules qui empruntent l'autoroute pour des déplacements de nature locale. La Métropolitaine compte de nombreuses bretelles directement connectées à des rues locales, encourageant ce type de déplacements qui alourdissent le trafic autoroutier.

«L'étude, lit-on dans un résumé rendu public lors d'une présentation à l'Association du transport du Canada, a conclu que le simple ajout de voies de circulation n'augmente pas automatiquement la capacité puisque le tronçon est circonscrit et que d'autres contraintes à l'extérieur du tronçon [élargi] limitent les gains potentiels.»

Une «refonte complète du réseau» est toutefois proposée pour rétablir la hiérarchie entre les réseaux de transport de manière à favoriser les déplacements locaux sur le réseau municipal, les mouvements autoroutiers sur les voies rapides et les transferts de circulation de l'un à l'autre par les voies de desserte.

L'avenir des structures surélevées

Les documents obtenus par La Presse ne permettent toutefois pas de déterminer ce qu'il adviendra des structures surélevées qui composent la plus grande partie de la Métropolitaine d'ici 2031.

«Le chantier de l'autoroute Métropolitaine, ça va être trois à quatre fois plus gros que celui de l'échangeur Turcot parce qu'on n'aura pas le choix de la mettre en souterrain. Il y a des immeubles de chaque côté. Ça va être un projet du type Big Dig, comme à Boston», croit Richard Bergeron, chef de l'opposition au conseil municipal.

«Je pense qu'on n'a que deux choix, estime pour sa part le conseiller municipal Russell Copeman, responsable de l'urbanisme au comité exécutif de Montréal. Soit on la maintient en hauteur, soit on l'enfouit. La mettre dans le sol, ça coûterait des milliards et de milliards. C'est énorme comme projet. On n'en est pas encore là», assure-t-il.