Le projet de loi provincial sur la révision des régimes de retraite continue de semer la discorde. Pendant que la Ville de Montréal exige le remboursement par la Fraternité des policiers de Montréal des frais engendrés par l'absentéisme massif de ses membres samedi dernier, la Coalition syndicale pour la libre négociation entend intensifier ses moyens de pression.

Passant de la parole aux actes, le comité exécutif de la Ville a confirmé hier qu'une facture était en «processus d'émission» en attente du calcul final. L'association syndicale devra donc rembourser la totalité des heures supplémentaires payées par la Ville à certains policiers lorsqu'une centaine de leurs collègues ont réclamé simultanément un congé de maladie. La Fraternité n'a pas voulu commenter cette décision, mais a maintenu qu'il ne s'agissait pas d'une action concertée.

De son côté, la Coalition syndicale pour la libre négociation entend accentuer ses moyens de pression jusqu'à atteindre son apogée lors d'une journée de «grand dérangement». Si le gouvernement provincial refuse de négocier sérieusement, le regroupement entamera un «24 heures de grande mobilisation». Le porte-parole de la Coalition, Marc Ranger, est resté discret sur les moyens qui seraient utilisés lors de cette journée. «Chacune des associations [membres de la Coalition] aura de l'espace pour sa propre créativité lors de cette journée de grand dérangement», a-t-il précisé, ajoutant que d'autres actions étaient prévues prochainement.

Le moment opportun

Le président du Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SFMM), Alain Fugère, dit attendre le «moment opportun» avant d'entamer cette mobilisation. «Ça ne veut pas dire que c'est une grève. Pour l'instant, un débrayage n'est pas dans l'ordre des choses», a-t-il tenu à préciser.

Le gouvernement impose sa manière de penser plutôt que de chercher une solution «gagnant-gagnant», critique à son tour la Fraternité des policiers et policières de Longueuil. Son président, Danny Lopez, ne ferme pas non plus la porte à l'amplification des moyens de pression. «On veut faire entendre notre message auprès de la population, mais on veut s'assurer que les services au citoyen soient donnés, souligne-t-il. On ne veut pas faire un geste d'éclat simplement pour faire un geste d'éclat.» La Commission des relations travail a affirmé qu'elle suit de près le dossier, surtout en ce qui concerne les services essentiels.

Le début des «lundis mous»

Les cols blancs de la Ville de Montréal entamaient hier le premier d'une série de «lundis mous» pour dénoncer le projet de loi 3. Les fonctionnaires municipaux étaient invités à troquer leurs vêtements habituels de travail pour des pantalons de sport, des bas de pyjama ou des pantalons de yoga. L'action se répétera tous les lundis, mais pourrait s'élargir et s'étendre à tout le Québec. «C'est un moyen de visibilité, pas un moyen de pression. C'est pour se faire voir et montrer notre mécontentement», a expliqué le président du SFMM, Alain Fugère.